Je ne crois pas vous en avoir parlé car mon dernier papier sur ArsMediaQc était une entrevue avec Amorphis. Mais là, je peux le confirmer : je suis en vacances. Non, je ne suis pas du genre à placarder mon mur Facebook avec cette nouvelle. Je me lève plus tard, je fais des petits sommes en après-midi, je fais de la lecture, je bois une couple de beers et je regarde des séries, documentaires et autres films en soirée. La même bazwell d’affaire que lors de mes fins de semaine, mais pendant une vingtaine de jours. Ce que j’aime en soirée, c’est que mon fils Renaud est en mode découverture de vieux films des années ’80. Après avoir regardé Predator, Terminator et Commando, tous de grands classiques avec Arnold, nous avons regardé Total Recall. En lui demandant s’il était intéressé par les vieux films d’horreur, son regard apeuré voulait tout dire.
C’est que depuis un mois, j’écoute à répétition le nouvel album de Fulci, Duck Face Killings. Ce groupe italien est maintenant signé chez 20 Buck Spin, ce qui fait que j’ai reçu leur nouvel album pour en faire l’analyse. Auparavant, Fulci était avec Time to Kill Records, ce qui fait que je ne recevais pas leur matériel. Je connaissais le groupe légèrement car dès que j’enlignais une liste de lecture death metal sur Spotify, Fulci était inclus dans le lot.
Le lien avec les vieux films des années 80 demeure le suivant : le groupe Fulci s’inspire des films de Lucio Fulci (de là, l’origine de leur nom de groupe!) pour créer leurs albums. Pour Duck Face Killings, l’influence demeure le film de 1982 du nom de L’Éventreur de New York. Disponible sur certaines plateformes, je voulais me le clancher en fin de semaine, mais je vais devoir attendre pour le faire seul car personne dans la maisonnée ne semble prêt à regarder ce film qui met en vedette un tueur à la voix de canard…
Quand je dis que j’écoute cet album depuis un mois, c’est que je suis totalement accroché sur ce disque. Le death metal de Fulci est accrocheur, aucun doute sur le sujet. Leur sonorité se rapproche de celle de Cannibal Corpse et de 200 Stab Wounds, deux gros joueurs de qualité. Si je mets de côté la parcelle accrocheuse des pièces qui se retrouvent sur Duck Face Killings, il y a surtout les arrangements qui sont proposés sur cet album.
Comme le fait Mortician, nous pouvons entendre des extraits audios qui proviennent du film mais là où le groupe a poussé le concept, c’est au niveau des ajouts face au fait de créer un esprit « new yorkais » à leur musique. Dans un premier temps, nous pouvons entendre des synthétiseurs analogues qui nous ramènent à cette époque des films de Lucio Fulci. Un peu comme l’a fait Frozen Soul en ayant Gost sur leur dernier album, Fulci a fait appel à TV-Crimes, projet électro aux ambiances électroniques, pour pimenter le tout au niveau sonore.
Nous pouvons entendre la ligne de clavier antique et ses impulsions bizouillantes sur A Blade in the Dark, ce qui vient mettre du jambon entre la tranche de pain death métallique en ouverture du nom de Vile Butchery et celle du nom de Fucked With a Broken Bottle. Même chose avec l’interlude du nom de Lo squartatore (en traduction: l’éventreur) qui propose le type de climat sonore qui semble nous mettre dans la tête du tueur et son esprit tordu…
Pour bien s’imprégner de la vibe new yorkaise de l’époque, il faut penser au rap. Au début des années 80, le rap exécutait ses premiers pas et d’avoir le rappeur Lord Goat de Non-Phixion qui vient rapper en ouverture de la pièce Knife n’est aucunement ridicule et cette addition se veut pertinente, question de nourrir le concept citadin de la Grosse Pomme.
Autre ajout pertinent dans les arrangements demeure l’intégration d’un saxophone dans la pièce Il miele del diavolo. Effectivement, sur celle-ci nous retrouvons une ligne très jazzée et feutrée (sur fond de distorsion), ce qui nous ramène aux cabarets enfumés de cette période où il était permis d’en griller une près du trio jazz qui remplissait tes oreilles de musique pendant que le public emplissait les poumons du saxophoniste de fumée gonflée de nicotine. Cette pièce termine l’album à merveille, créant un effet englobant face au concept.
Rien n’est poussé dans le fond de de la gorge, tout coule comme le fleuve Hudson… ou le sang des victimes du tueur dans le film.
Ce qui m’impressionne aussi dans la livraison sonore de Fulci est la prononciation du chanteur Fiore Stravino. Pratiquement tout est audible dans son interprétation, tout en demeurant brutal à souhait dans son approche. Ce phénomène se veut excessivement rare dans le death metal et Stravino se veut plutôt unique dans cette façon de prononcer les mots et d’y aller avec les accents aux bons endroits, la preuve principale étant la chanson Stabbed, Gutted and Loved.
J’ai grandement souligné les arrangements qui sont imbriqués dans cet album mais je crois qu’il est important de les souligner étant donné que cette façon de faire est rarement aussi réussie de la part d’une formation de death metal. L’élément principal de cet album demeure le death metal et avec Fulci, c’est une sonorité racoleuse à souhait. D’y accoler des moments sonores qui viennent englober le concept demeure un élément excessivement positif face à l’écoute de cet album, une production qui se doit d’être consommée dans son entièreté et non pas à la pièce.
En 2024, cet album risque de topper plutôt haut dans mon Top de l’année!
Disponible le 9 août sur 20 Buck Spin Records.
Photo: Chiara Meierhofer Muscar