Il est plutôt difficile de décrire le style d’Evergrey puisqu’il est assez unique en son genre. D’une façon ou d’une autre, force est d’avouer que depuis 1995, Tom S. Englund et ses comparses suédois savent livrer la marchandise. Ils nous offrent cette année leur 12e album en carrière : Escape of the Phoenix, qui donne suite à The Storm Within (2016) et The Atlantic (2019).
Dès les premières notes de leur premier single Forever Outsider, on reconnaît le style lourd, mais mélancolique d’Evergrey. Impossible de ne pas se faire aller les cervicales. Les transitions entre les riffs sont toujours intéressantes et sur cet album, on exploite encore plus les sonorités électro du keyboard toujours aussi magnifiquement joué par Rikard Zander, comme il le prouve sur la seconde pièce Where August Mourns. Vraiment, cette chanson démontre que les membres du band sont d’excellents musiciens et qu’ils savent mettre la table pour les extraits suivants.
On fait ensuite place à l’émotion avec Stories, une ballade digne de la nostalgie d’Evergrey. Remplies de delay et de reverb bien fumants, la mélodie et les paroles de la pièce sont soutenues par une performance instrumentale assez lourde et vibrante. D’ailleurs, rien ne se perd, rien ne se crée : tout se vit. C’est réellement ce qui me plaît le plus chez Evergrey : l’émotion qui est impliquée dans chaque note. Chaque instrument prend son temps. Chaque note de basse claquante, chaque souffle de piano, chaque solo de guitare, chaque passage de corde vocale éreintée prend sa place et résonne, surtout dans cette pièce.
D’ailleurs, j’ai aussi remarqué que l’étendue vocale du chanteur est un peu plus marquée que sur les derniers albums en général. De plus, on dénote des extrêmes plus accentués, soit des ballades très lentes, lourdes et langoureuses tandis que d’autres morceaux offrent des extraits beaucoup plus rythmés, pesants et enragés. Ne vous inquiétez pas, dans chaque pièce figurent religieusement les solos habituels de Tom S. Englund et d’Henrik Danhage. Fièrement dorés par leurs Caparison, ceux-ci sont évidemment enivrants et teintés (beaucoup) de shredding comme je les aime.
Toutefois, la pièce Dandelion Cipher est celle qui me plaît un peu moins. Les membres ont enfilé lainage et phentex puis composé ce qui ressort habituellement sur tous les albums. En fait, elle se démarque tout simplement moins des autres puisqu’elle garde un rythme assez identique tout au long de l’écoute.
En poursuivant l’expérience, la délicieuse cerise sur le sundae est délicatement déposée sur la pièce nommée The Beholder. On peut apprécier un élégant duo entre Tom S. Englund et James LaBrie (Dream Theater). Certains aiment et d’autres détestent James. Cependant, sa collaboration avec Evergrey apporte un peu plus de légèreté à l’album et ça me rappelle les bonnes vieilles années d’Ayreon.
Aussi, leur autre single qui arrive plus tard sur l’opus, Eternal Nocturnal, a été soigneusement choisi puisqu’il représente tous les piliers de l’album. C’est aussi celui que j’ai décidé de déposer juste ici.
Pour terminer, il n’est pas nécessaire de passer au peigne fin les 11 pièces de l’opus pour ressentir l’essence de l’album. Les paroles sont suffisantes pour comprendre que ledit phœnix ne veut pas nécessairement renaître de ses cendres. Ce sont les éternelles (et habituelles chez Evergrey) thématiques du combat, de la confusion et de la remise en question qui nous sont présentées dans cette œuvre. Je ne suis pas déçue et j’ose pouvoir espérer les voir une troisième fois sur les planches.
Date de sortie : 26 février 2021