Que ce soit ici au Québec ou ailleurs dans le monde occidental, la pénurie de main d’œuvre est un phénomène global. Pourtant, la population sur Terre n’a jamais été aussi massive. Il faut comprendre que c’est probablement le vieillissement de la population qui soit en cause. Les gens sont rendus trop vieux pour travailler et les jeunes ne sont pas encore formés pour prendre la relève. C’est pour cela que des gens de la génération X doivent occuper plusieurs postes et porter plusieurs casquettes pour pouvoir combler tout ce qui demeure nécessaire au bon roulement de la société.

De mon côté, je peux le ressentir dans mon domaine de travail. Dans le domaine de l’enseignement depuis plus de 20 ans, je suis en poste de direction depuis quelques années mais je n’ai jamais été capable de rester uniquement au bureau depuis la pandémie. Effectivement, par manque de personnel, je me dois de combler des postes additionnels. Des départs soudains d’enseignants et enseignantes ou l’impossibilité de les remplacer à court, moyen ou long terme font que des membres de la direction doivent remonter à l’étage pour satisfaire à la tâche d’enseignement.

En ce moment, je suis de retour en classe depuis 3 semaines. Effectivement, un arrêt de travail au niveau du corps professoral fait qu’il y avait un manque à l’étage du primaire. Banque de candidats vide, quelqu’un devait donc aller faire la job, surtout à deux mois de la fin des classes. Pour vous dire, nous en sommes au recrutement international pour la prochaine année scolaire…

Ce phénomène n’est pas unique à notre établissement scolaire. Mes deux ados du secondaire vivent la même chose. En ce moment, l’enseignante de français de mon fils est la directrice du secondaire 1 de son collège. Dans un tout autre domaine, des membres de ma famille sont dans la métallurgie et ils doivent aussi faire appel à des gens d’ailleurs sur Terre et/ou sortir des gens de la retraite.

Et dans le domaine du metal, est-ce le même phénomène? C’est certain que nos formations préférées prennent de l’âge mais il y aussi le phénomène des projets en parallèle. Groupes mis en fonction pour combler un manque dans la formation principale, on se rend compte que parfois, ce qui est offert est ordinaire mais à d’autres moments, c’est bien intéressant.

Quand je vois un musicien aussi occupé que Ryan Waste de Municipal Waste sortir un nouvel album avec son projet qu’est Bat, je me dis que ce gars est une machine. Avec ce groupe, il joue de la basse et chante. Avec l’horaire de tournées de Municipal Waste en plus de la planification des enregistrements et tout le bataclan, je me dis que les gens multitâches sont à tous les niveaux.

C’est incroyable de voir que ce phénomène se transpose même au niveau des musiciens. C’est comme si Waste se disait : « Moi, j’ai le goût d’entendre un groupe qui sonne comme un hybride entre DRI et Motörhead. Ça n’existe pas? Je vais le mettre sur pied d’abord, je ne vais pas attendre que quelqu’un d’autre le fasse parce que personne ne va le faire! » Et c’est ce qui arrive bien souvent, les gens polyvalents finissent par porter plusieurs chapeaux dans leur domaine d’expertise, question de maintenir la barque à flots, saisissant les opportunités tout en développant de nouvelles compétences.

Quand le premier album de Bat est sorti en 2016, j’avais bien apprécié l’approche directe du groupe. Le buzz autour des formations comme Toxic Holocaust et Midnight battait des ailes, Lemmy venait de rendre l’âme quelques mois auparavant et d’ajouter cet album de Bat me semblait excessivement pertinent pour cette période de metal crotté. Sur Wings of Chains, le groupe proposait metal speedé qui carburait à la bière « Light » en canette et aux cigarettes sur le bord de la yeule.

Second album de Bat mais cette fois-ci, avec Nuclear Blast Records. Après tout, Municipal Waste est signé avec eux, pourquoi ne pas rapatrier ce projet de Ryan Waste sur le payroll? Le premier extrait qu’est Rite for Exorcism m’a convaincu, pleinement. Ensuite, en recevant l’album Under the Crooked Claw en promo, je me suis retrouvé avec la bête entière, n’ayant plus qu’à mordre dedans à pleines dents.

Album minimaliste de 36 minutes, il n’y a aucun fling flang sur cette production qui demeure plutôt crue et authentique. Avec son introduction digne d’un vieux film d’épouvante présenté au canal 10 en fin de soirée, Una Torcia Illumina Il Cielo permet à l’album de placer l’ambiance de l’album : ce sera old school. Le premier morceau véritable demeure Vampyre Lore est c’est déjà la pédale au plancher tandis que Rite for Exorcism se veut plus contrôlée.

La voix de Waste est une combinaison entre le roucoulement de Kurt Brecht de DRI et le souffle sulfureux de Cronos de Venom. La basse est pimpante sur Streetbanger et on apprécie le jeu de Waste sur celle-ci. À la base, bassiste, on comprend qu’il manipule à merveille cet instrument. Avec son élan très heavy metal pratiquement comme du Priest antique, la chanson Just Buried se veut très feutrée. Percée par un lead de guitare pratiquement country et des Ohohoho’s à l’unisson, cette combinaison fait de cette chanson un ajout parfait à ton mix de musique pour faire de la route.

Warshock est très punkée et l’esprit DRI est bien audible dans l’attaque vocale sur celle-ci. À l’origine, c’était Felix Griffin, ancien membre de DRI, qui tapait sur les tambours. Maintenant, c’est Chris Charge qui s’en charge…

Quelques lignes d’un monologue provenant d’un film de série B sont audibles lorsque tu entends le début de la chanson Horror Vision et ensuite, Bat te dirige vers quelques lignes punks et speedées, le tout fortement tenu par la basse qui se veut omniprésente sur cet album.

On retombe en mode speed metal avec Battered et Revenge of the Wolf se veut rauque, remplie de testostérone et imposante à souhait. Le tout se continue de la sorte, du speed saucé dans le metal sur des inspirations punks mais c’est vraiment avec la chanson Bastardized Force que j’ai eu envie de me scrouncher une canette de bière sur le front. Gros morceau crotté, celui-ci arrive vers la toute fin pour confirmer que cet album, malgré son côté minimaliste, se veut une fichue bête de metal!

Amateurs de basse bien rondouillarde, de rythmes métalliques antiques et d’énergie malsaine souillée laissant planer des fragrances de houblon, ce nouvel album de Bat est exactement ce qu’il te faut. Avec la chaleur de l’été qui arrivera bientôt, tu pourras te blaster ça autour de la piscine, bière tiède en main, question d’oublier qu’au travail, tu fais la job de 3 personnes pour le salaire d’une seule…     

Disponible le 17 mai sur Nuclear Blast Records.

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Photo : Maya Kay