Je n’ai pas vu DUNE II. Pour y aller en toute franchise, le premier m’avait fait bailler solidement, ce qui veut dire que mon intérêt pour le second volet est aussi élevé que la probabilité d’avoir le retour des Nordiques à Québec. Si tu croyais que nous allions avoir les Coyotes dans la Vieille Capitale, on dirait bien que Gary Bettman ne le voit pas ainsi. Je vais attendre que le film se retrouve sur une plateforme quelconque, question de ne pas mettre un 18$ dans le néant du Cinéplex. Par contre, certaines personnes m’ont confirmé que ce film est tout simplement génial et que je me devais absolument de le voir. Au niveau de la technique, le tout serait fascinant.

Quand je pense à la technique cinématographique, ma référence demeure tout ce qui touche à l’environnement de Star Wars mais depuis que le tout ait été aspiré par Disney, ça branle de la patte et ce, solidement. Je pense au deepfake de Luke Skywalker dans l’épisode final de Mandalorian. Ceci manquait de conviction et de réalisme. Il y a un même YouTubeur qui avait proposé une version faite maison où sa version se voulait beaucoup plus crédible et de meilleure qualité.

Justement hier, j’ai reçu un avis d’Amazon Prime que DUNE II était maintenant disponible sur leur plateforme. Quand on dit que le tout va vite, que c’est rapide, il n’y a plus de longue attente face aux sorties cinématographiques comme à l’époque où nous devions aller louer la version VHS dans un club vidéo.

Le tout évolue, le tout se veut rapide et tout prend de nouvelles tournures, il y a une certaine évolution qui se veut indéniable. Même dans le metal et même dans le death metal. En recevant la copie promotionnelle de l’album Aumicide d’Atræ Bilis, je me suis dit que l’évolution va même dans cette sphère musicale morbide. Mais ce n’est pas comme ça partout, dans tous les genres et autres sous-genres. Oui, le rétro est toujours à la mode, même dans le metal!

Je recevais justement la nouveauté de BAT qui revisite le genre préconisé par Motörhead, Six Feet Under qui ne fait que régresser album après album et Coffin Storm sonne comme si leur album était sorti en 1984. Ce qui se passe est que la nostalgie se veut toujours payante et propose aux auditeurs une zone de confort. Mais qu’en est-il des formations qui poussent les limites du genre?

Un peu comme Denis Villeneuve qui défonce les frontières de ce qui est faisable dans le domaine cinématographique, j’ai le sentiment qu’Atræ Bilis défonce les frontières de ce qui est faisable dans le death metal. Leur sonorité est moderne, très moderne. Genre, cybernétique death métallique, mais pas parce que les musiciens ont utilisé l’Intelligence Artificielle. C’est plutôt que les musiciens ont utilisé leur propre intelligence musicale en faisant sauter les limites de la faisabilité.

Cet album qu’est Aumicide comporte des éléments sonores plutôt inattendus. C’est varié, frais et excessivement serré musicalement mais le tout respire quand même. Formation canadienne, j’avais l’impression d’entendre des scientifiques en train de manipuler de l’ADN d’une créature quelconque pour la combiner avec celle d’une autre espèce pour créer une nouvelle souche de créature humaine doté d’une puissance mirobolante.

Juste à regarder la couverture, on comprend qu’Atræ Bilis carbure amplement à la science-fiction. Avec la copie promotionnelle, le label qu’est 20 Buck Spin propose les paroles des chansons et pour être franc, l’utilisation de certains mots et/ou termes dépasse l’entendement. Nous vous demandions, l’autre jour, sur notre page Facebook, quelle formation vous demande l’utilisation d’un dictionnaire pour bien comprendre les paroles? Eh bien avec Atræ Bilis, c’est amplement le cas!

AMOEBOID, POLYPED, SURROGACIES, ERITONEUM GLOBS et ZEROTH CASTE…

Je dois vous avouer que j’ai copié/collé cette série de mots, le tout me donnant mal aux globes oculaires.

Au niveau musical, le groupe est précis. Les musiciens utilisent de nombreux stratagèmes pour nous amener ailleurs et plusieurs types de voix sont injectés dans leurs chansons. Atræ Bilis, qui se traduirait aisément par bile noire, débute son album avec la pièce instrumentale mais technique du nom de Protoxenesis qui copule avec la suivante, Hell Simulation. C’est à ce moment que l’on comprend dans quoi on vient de s’embarquer. C’est de la technicité du même calibre que Gorguts, l’opacité d’Ulcerate, l’agressivité d’un Cryptopsy et les couilles d’un Suffocation. Il faut dire que cet album a été enregistré sous les bons soins de Chris Donaldson de… Cryptopsy et producteur du dernier Suffocation!  

Déjà enseveli dans le death metal complexe, je me retrouve avec la chanson Salted In Stygia qui propose une voix de type « vomir dans un tuyau de résine de synthèse », pour ensuite y aller avec des voix plus claires et des sons de guitare qui sonnent comme un effet électronique. Même Donaldson s’est probablement dit : « Que faites-vous, bande de fous? »

Par la suite, Inward To Abraxas se veut un amoncellement de rythmes poisseux entremêlé avec une cadence bien ciselée. Alternance des voix plus criardes et gutturales, les percussions avec les guitares produisent des impulsions chirurgicales. Cette façon d’attaquer le genre death métallique se poursuit sur To Snuff The Spirit Guides. La pièce titre apporte un moment instrumental qui nous demande à nous demander ce qui va arriver au petit fœtus de la couverture…

Avec Kingdom Of Cortisol, le groupe nous propose une entrée plus introspective avec des voix en chœur amenant des instants plus solennels qui vont ensuite courtiser avec un death metal plutôt astucieux. Juste avant de terminer l’album, la pièce Through The Hologram’s Cervix laisse un barrage vocal plutôt impressionnant avec ses nombreuses variantes. Effectivement, en plus de la parcelle plus death et la plus criarde, on retrouve celle saccadée qui ressemble à ce que peut produire quelqu’un qui se gargarise. Je croyais qu’il n’y avait que Youri Raymond d’Unhuman qui pouvait produire ce type de voix mais il semblerait que non. À moins que cet effet ait été produit entièrement en studio… mais pas devant un fond vert!

C’est avec un morceau plus rapide et bien charnu du nom d’Excruciate Incarnate que cet album du nom d’Aumicide se termine. Je me suis probablement clanché cette production une bonne vingtaine de fois durant les deux dernières semaines et à chaque écoute, j’entends quelque chose de nouveau, ce qui confirme la grande richesse musicale et la quantité d’arrangements subtils qui se retrouvent sur cet album, le deuxième pour cette formation canadienne.

Vingt écoutes? Oui, c’est possible. Mais je ne crois pas que je pourrais me taper DUNE II autant de fois. Encore moins le premier!   

Disponible sur 20 Buck Spin.

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Photo: Savannah Bagshaw