Je sors de ma zone de confort métallique probablement à chaque fois que Zombi sort un album. Le groupe enregistre chez Relapse et, comme de raison, je reçois la copie promotionnelle car je suis sur leur liste d’envoi depuis… des décennies! Malgré un nom à forte connotation morbide, Zombi n’est pas un groupe de death metal. Aucunement. Mais qu’est-ce qui fait que je vous dresse un billet complet sur cette formation, que je vous ponde un Profil Bas sur un groupe qui donne dans le rock instrumental, fortement axé sur les synthétiseurs et la basse?
C’est tout simplement la nostalgie. La nostalgie télévisuelle, même! Oui, lorsque j’étais jeune et que je me gavais de télévision, de programmes, de téléséries, de téléromans que je voulais regarder au lieu d’aller me coucher et de films d’horreur que je louais au Servidéo ou au dépanneur en arrachant l’octogone qui tenait avec un velcro, juste en bas de la copie en VHS.
Je ne me retape pas les nouveaux Passe-Partout et je dois être franc, je ne suis pas un fan des remakes ou versions retravaillées qui semblent nous inonder. Je préfère l’original, malgré ses défauts mais les imperfections me ramènent là où je le veux et c’est pour cela que c’est parfait.
Quoi de mieux qu’un bon vieux Commando avec Schwarzenegger à Prise 2 plutôt qu’un navet moderne sur Netflix?
Mais que vient faire ce groupe originaire de Pittsburgh du nom de Zombi dans ma chronique, alors? C’est que leur musique me ramène à cette période de gavage télévisuel. Musicalement, tu as l’impression d’entendre une trame sonore pour un film qui n’existe pas (quoique Zombi propose aussi des trames sonores pour de petits films indépendants) ou pour une série télé qui n’a jamais été diffusée.
Avec leur musique menée par la basse, les synthétiseurs antiques et les percussions, le groupe rejoint le public métallique et ce, amplement. J’ai découvert le groupe en 2004 sur un sampler Relapse du nom de Contaminated. Sur cette compilation, on y retrouvait Orion de Zombi. Non, ce n’était pas une reprise de Metallica mais plutôt une chanson instrumentale qui me ramenait, justement, dans les années ‘80.
Sans hésitation, je me suis procuré l’album Cosmos. Avec une sonorité progressive, krautrock et des touches de John Carpenter, Goblin, Tangerine Dream et Vangelis, je me retrouvais submergé par une musique qui me ramenait loin. J’ai suivi le catalogue du groupe, jusqu’à aujourd’hui avec l’album Direct Inject. En faisant une écoute approfondie de cette production, je retrouve autant des instants sonores qui me remettent en oreilles les introductions du journal télévisé à Télévision Quatre-Saisons, de films d’horreur douteux, de films de série B où le scénario est digne d’une historiette produite par un élève de secondaire 3 dans un cahier Canada ou de téléromans comme Lance et Compte et Miami Vice.
Bref, un gros ragoût sonore qui m’enchante et ce, dès la pièce initiale qu’est la pièce titre, Direct Inject. Sérieusement, en faisant l’écoute, j’entendais la voix de Bruno Landry de RBO dire : « Les nouvelles Tévéya » avec un accent digne d’un hurluberlu. Ensuite, le clavier devient encore plus pimpant, suivi par les percussions qui accélèrent et laissent place à une ligne de guitare électrique synthétisée qui serait parfaite pour un montage dans Magnum PI. Au milieu du morceau, une transition plus progressive nous amène vers une finale plus sombre mais audacieuse.
La pièce So Mote it Be est plus lourde et sombre. La batterie est rock, plus flâneuse et la partie centrale nous sort un peu du marasme pour laisser éclater une portion plus scintillante. Ensuite, Bodies in the Flotsam reprend dans le cafard avec sa basse claquée comme le fait Les Claypool de Primus. Les synthétiseurs et les percussions s’occupent de la portion anxiogène de la pièce tandis que la basse nous garde sain d’esprit.
Même constat avec Kamichi & Sandy qui se veut angoissante en ouverture. Morceau parfait pour un générique de fin de film, je l’apprécie pour ses lignes répétitives et ses effets plus soignés. Question de ramener Télévision Quatre-Saisons dans mon texte et n’étant pas un grand amateur de saxophone sensuel, je dois avouer que je skippe la pièce du nom de Sessuale II qui regorge d’un effet plutôt lascif, digne des meilleures productions de Bleu Nuit.
Effet passager, il est agréable de se taper le reste de Direct Inject qui reprend largement là où le duo nous avait laissé avec Sessuale II, avec l’énigmatique Improvise Adapt Overcome, la balourde qu’est The Post-Atomic Horror et la gracieuse, Insurmountable Odds.
Étrangement, l’album se termine avec Sessualle I qui ne verse aucunement dans le saxophone érotique mais plutôt dans la phosphorescence musicale, digne d’un moment de réflexion de la part des personnages des Contes pour Tous.
Je voulais dire Stranger Things mais je tiens à ma thématique des années ’80… totalement!
Disponible le 22 mars sur Relapse Records.
Photo : Shawn Brackbill