Vous connaissez sans doute l’expression : « La beauté n’apporte pas à diner! » Oui, cette célèbre phrase qui date de Mathusalem, vieille comme le monde et qui confirmait que même si tu n’étais pas le plus beau du lot, tu pouvais tout de même espérer avoir une certaine chance face à des relations charnelles à un moment donné. On s’entend que cette expression venait probablement d’un laideron de gros calibre ou d’une personne qui tentait de se convaincre face à une fréquentation douteuse… mais qui devait posséder portefeuille bien garni! En cette époque moderne, nous n’utilisons plus cette ligne, question de ne pas se faire ramasser par la rectitude politique.
Nous ne pouvons pas utiliser non plus: « Y’est pas beau mais y’est fin! » Non, ceci se voudrait inapproprié. Comme de raison, nous sommes mieux d’utiliser une expression comme : « Il ne faut pas se fier au contenant mais plutôt au contenu! » car cette expression se veut moins intense et elle évite de déclencher chez certaines personnes un sentiment d’injustice sociale auprès des gens qui se veulent plus sensibles auprès des groupes minoritaires. Évitons de « triggerer » qui que ce soit, ce n’est pas le but de mes chroniques, après tout.
Morta Skuld, avec ses couvertures affreuses, peut coller amplement à cette expression et même à la première ligne qui débute ce billet de blogue. Effectivement, le groupe a toujours offert des pochettes d’une mocheté incomparable. Que ce soit les décharnés aux yeux triangulaires sur l’album Dying Remains, au couple nu sur As Humanity Fades ou la lettre X emprisonnée dans une cellule avec quelques chaines en guise d’effet dissuasif sur l’album Surface, on sent que la portion visuelle pour Morta Skuld n’a jamais été d’une grande priorité.
Sérieusement, c’est la première fois que le groupe propose une couverture qui se veut potable avec ce nouvel album qu’est Creation Undone et c’est ce qui m’a d’abord attiré par ce nouvel album de cette formation américaine qui existe depuis une trentaine d’années. Je ne me suis pas cassé le bicycle comme je le fais d’habitude, j’ai donc téléchargé la copie promotionnelle de cet album qui se retrouvait dans ma pile des trucs incertains.
Effectivement, avec une vingtaine d’albums reçus par semaine, je me fais des catégories et Creation Undone de Morta Skuld s’est ramassée dans le dossier des sorties à considérer dans un futur pas trop lointain. Ayant fait le tour de ma liste de sorties prioritaires, je me devais de piger dans le tas et comme je le disais, j’ai plongé immédiatement dans le death metal du groupe. L’album bien paqueté dans mon iPod, je me suis enligné pour une bonne marche dans un Terrebonne printanier.
Avec We Rise We Fall, le tout commence en intensité. Le riff est incisif, les percussions se veulent malines, malgré une caisse claire accordée plutôt haute, et la voix se veut juste assez grasse mais juste assez rêche pour mes goûts. Rythmiquement, je suis comblé et The End of Reason me confirme que la basse est bien haute dans le mix, venant parfois écorcher mes écouteurs, étant donné son omniprésence.
Avec Painful Conflict et Unforeseen Obstacles, je commence à comprendre la ligne imposée par le groupe. Il n’y a pas de grandes variances, c’est un death metal de la vieille école et la redondance commence à s’installer un brin, comparativement à la chanson initiale qui me laissait présager un album bourratif. Les chansons que sont Perfect Prey et Soul Piercing Sorrow débordent de basse, ça fesse dans mes oreilles et je fais le test sur une chaine stéréo, et le tout est plutôt dense. De plus, lorsque les percussions sont en mode grind, l’exécution musicale est beaucoup trop bourrée et ça manque de fluidité au niveau vocal.
Je sens que mon expérience devient de moins en moins attrayante mais je me dois de trouver une issue face à cette expérience sonore. Du positif, et vite! C’est avec le dernier tiers que la donnée est sauvée, dans un certain sens. Pas dans l’optique où c’est mirobolant et que les trois dernières pièces sauvent cette production. C’est plutôt que je me suis fait à l’idée que Creation Undone n’est pas un album qui déborde de précellence.
Avec Self Destructive Emotions, Oblivion et By Design, j’en viens au constat que cet album est comme un démo d’excellente qualité plutôt que l’une des productions surfines à sortir habituellement chez Peaceville. Ainsi, j’ai pu me retaper l’album à quelques reprises additionnelles en me disant que Creation Undone est à consommer tel un succédané face aux groupes du même niveau d’âge que sont Obituary, Cannibal Corpse et Suffocation.
Par contre, eux proposent de véritables productions infernales… et avec de belles pochettes!
Disponible sur Peaceville Records.
Photo : Peaceville Records