Un début d’année nous amène à faire une mise à jour sur un calendrier. Oui, un en papier, avec des pages que l’on tourne et qui te permet de planifier des activités à long terme et surtout, à nous permettre d’éviter des surprises entre les membres de la famille. De mon côté, j’ai un calendrier de type familial qui est accroché à l’intérieur de la pantry. Pourquoi? Car tout le monde fouille là-dedans au moins une fois par jour. Pour ce qui est de la faction adolescente de la maisonnée, c’est plutôt plusieurs fois par jour, par contre. Ce rappel visuel se veut donc à la portée de tous et des fois, souvent.
Avec l’attribution des cadeaux de Noël aux enfants, j’ai pu faire la mise-à-jour face aux concerts pour la prochaine année. Effectivement, je ne pouvais pas le faire avant, sinon j’aurais divulgâché quelques cadeaux car bien souvent, nous donnons des billets de spectacle à la progéniture. C’est ainsi que j’aie pu inscrire Pantera à Québec! J’ai ajouté Vader au Studio TD, en plus de GWAR au Théâtre Beanfield et finalement, Fear Factory avec Machine Head au MTelus.
En inscrivant le tout avec mon fantastique Bic noir sur les cases correspondantes aux dates, je me suis mis à me dire que de toutes les formations que j’inscrivais au calendrier, la majorité était des groupes que j’allais surtout revoir pour une ixième fois. Effectivement, ce sont tous des groupes que je suis depuis plus de 20 ans, voire 30 ans…
Justement, mon fils aime bien mes t-shirts vintage et il porte fièrement mon t-shirt de GWAR de la tournée When the Shit Hits the Fans, acheté lors de leur concert au Spectrum, qui date de 1994!
Donc, officiellement, ce t-shirt fêtera son 30e anniversaire en juin et je dois avouer, qu’il est encore en bon état. Je sais que GWAR n’est plus le GWAR de l’époque mais, tout de même, cela demeure une valeur sûre, surtout sur scène. Avec le décès d’Oderus, le point central de la formation se voulait plus flou mais le collectif a été en mesure de remodeler les choses pour que GWAR puisse continuer de sévir. Ce que le groupe continue de faire, encore aujourd’hui. Même chose pour Pantera.
Et sur mon calendrier, je remarquais que je retournerai voir Voïvod à Joliette, groupe qui demeure la formation que j’ai vu le plus souvent sur scène depuis que je participe aux activités spectaculaires de la scène métalloïde. Les Jonquiérois ont fêté leur 41e anniversaire le 8 janvier et à l’aube de mon 49e anniversaire, je me suis rendu compte que depuis le retour à la « normale » j’ai surtout revu des « orchestres métalliques » que je chouchoute depuis des décennies.
J’ai encore cette curiosité face aux nouvelles formations qui œuvrent dans les nombreuses couches et/ou sous-couches métallifères mais en général, ce sont les formations classiques qui se retrouvent devant mes yeux et dans mes oreilles. Par classiques, j’estime autant que Metallica et Megadeth et que Napalm Death et Carcass soient inclus dans ce globe métallique, ce qui doit faire titiller certaines de mes « connaissances » fréquentées vers la fin des années ’80 et au début des années ‘90.
Lors de cette période, toutes les formations susmentionnées (à l’exception de Metallica après le Black Album et Megadeth après Countdown to Extinction) œuvraient dans l’underground, dans les bas-fonds musicaux. Bien souvent, les groupes enregistraient pour des labels obscurs et proposaient des vidéoclips souvent, très bon marché. Lorsque nous regardions SolidRok, le jeudi soir, nous en reparlions le lendemain à la polyvalente Dominique-Racine, au centre social. Certains avaient capoté en voyant le clip de People of the Lie de Kreator car c’était cru, sale. D’autres connaissances trouvaient le tout cheap et cacophonique.
En allant magasiner chez Variétés MR à Place du Royaume, j’avais acheté Better Off Dead de Sodom en cassette. Le lendemain matin, une panoplie de copains m’amenait leur cassette TDK de catégorie D60 pour se la faire doubler pendant la fin de semaine, créant ainsi un engouement face à la formation allemande. Quand il restait du temps sur le tape, j’ajoutais quelques chansons qui provenaient de mes derniers achats, question de créer une portion de metal mix pour terminer le tout.
Par le fait même, une autre connaissance agrippait au passage cette même cassette de Sodom pour se moquer de la couverture. Curieux, il demandait de pouvoir en écouter un bout, dans son Walkman à cassette. Il appuyait sur PLAY.
Et généralement, c’est ce qui se passait : « Hiii, méchante marde ce groupe-là. Ça toughera pas plus que 5 ans c’te band-là! Personne peut écouter de la marde de même! »
C’était généralement des amateurs de hard rock plus soyeux qui nous faisaient ce genre de commentaires face à un plan quinquennal merdique car à l’époque, il y avait véritablement une fission plutôt puissante entre les amateurs de metal dit « extrême » et ceux qui carburaient au « metal » à la chevelure maintenue au fixatif.
De me transposer en 2024 et de voir que ma prochaine série de concerts pour l’année qui s’en vient (et qui nous remet des formations qui roulent leurs bosses depuis 40, 30 et 20 ans) m’interpelle au plus haut point. Ce sont des artistes, des groupes qui ont su travailler d’arrache-pied, qui ont su passer au travers de nombreuses vagues musicales et autres changements drastiques.
Mais pendant ce temps, je repense à cette série de « connaissances » qui méprisaient nos choix musicaux de l’époque. Eux, ils carburaient à la sonorité des groupes comme Firehouse, Winger, Great White, Warrant, BulletBoys, Trixter et Poison, estimant que ces groupes représentaient la qualité musicale extrême suprême.
Là-dessus, je ne dis pas qu’ils avaient tort ou raison, loin de là. C’est plutôt un constat face à la présence, en cette période contemporaine, de la part des artistes qui se voulaient appréciés par cette bande de « connaissances » qui se veulent plutôt oblitérés en ce moment.
Absents du domaine des albums pertinents depuis des décennies, cette série de groupes qui se voulaient aguichant visuellement et crémeux au niveau sonore sont tout simplement effacés du domaine des enregistrements studios qui confirmeraient leur convenance et leur relevance.
Et que dire de leur présence sur le circuit des tournées? C’est plutôt à plat. À part quelques opportunités nostalgiques sur lesquelles un groupe comme Poison saute pour ouvrir sur les périples de Def Leppard et Mötley Crüe, les amateurs de cette branche satinée musicale doivent se rendre, bien souvent, dans des bars douteux au sud de la frontière pour pouvoir voir et entendre ces formations antiques ou bien visiter des foires agricoles américaines où ils auront la chance de voir Pretty Boy Floyd entre une course de tracteurs John Deere et la remise du prix pour la citrouille la plus volumineuse du comté.
Si je me rapporte aux commentaires de mes connaissances de l’époque, il n’y aurait plus de metal dit extrême et ce, depuis des décennies. Selon leur expertise, le metal extrême devait s’éteindre après moins de 5 ans, ce qui n’est pas le cas quoique pour le hard rock au spandex, c’est tout autre chose.
Il est à se demander pourquoi le metal extrême existe, persiste et signe toujours, même encore aujourd’hui. La qualité des produits offerts y est pour quelque chose mais c’est surtout l’authenticité qui en découle qui demeure un facteur à ne pas négliger.
Et pendant ce temps, Amon Amarth amènera Cannibal Corpse, Obituary et Frozen Soul au Centre Vidéotron de Québec pour une soirée plutôt fougueuse et non pas, soyeuse…