À chaque fin d’année, nous vous offrons un entretien avec un musicien qui s’est illustré lors de la dernière année. Un genre de cadeau de Noël ou de fin d’année, à saveur métallique pour vous remercier, cher lectorat. Pour cette édition 2023, c’est avec Olivier Pinard, bassiste chez Cattle Decapitation et Cryptopsy, que l’entretien est proposé. Lors de l’arrêt de la formation au début du mois de décembre, j’ai pris le temps de m’asseoir une bonne trentaine de minutes pour jaser avec cet agréable monsieur qu’est Oli Pinard. Voici l’essentiel de cette conversation qui s’est déroulée dans l’une des petites loges du Théâtre Beanfield de Montréal.
Premièrement, je voulais te dire qu’on va se faire un combo Cryptopsy et Cattle Decapitation, ça va être top de chez top! Justement, tu joues sur deux des plus grosses productions death metal de l’année 2023, l’album de Cryptopsy « As Gomorrah Burns » en plus de l’album « Terrasite » de Cattle Decapitation. Si tu regardes les Tops Albums Metal qui commencent à sortir, les deux albums se retrouvent bien souvent dans les mêmes Tops!
Ouais, ouais, j’en ai vu quelques-uns. Des fois, j’ai l’impression que je ne le réalise pas vraiment. Tu sais… c’est quand? C’est à Baltimore, il y a 2 jours, le drummer de Dying Fetus est venu me voir, pis là il a commencé à me parler de l’album de Cryptopsy. Quand même! Voyons donc? C’est donc ben malade! Pis là, il me dit : « T’es trop humble, Oli. Tu réalises-tu que tu joues sur 2 méga-albums cette année? » Je fais : « Non! » Pis c’est vrai. Je ne le réalise pas vraiment parce que… suis-je trop humble? Hahhaha! Mais je suis content que ça marche. Je suis content que les fans aiment ça, que les amateurs de death metal aiment ça. Puis nous, on aime ça faire ça! C’est pour ça qu’on continue dans le fond. Parce que, tu sais, avec Cryptopsy, et pour être franc c’est autant avec Cryptopsy qu’avec Cattle, il y a une excellente chimie avec tous les musiciens. Pis ce n’est pas une corvée d’écrire la musique. Ça sort tout seul, ça va bien et c’est d’un naturel.
As-tu le temps, quand même, de prendre l’objet physique dans tes mains, le vinyle ou le CD et de le trouver beau, délicieux au niveau des yeux et de sentir la pochette, en plus de lire le livret?
Je suis fan de musique, je suis fan de death metal et des bands dans lesquels je joue. J’ai tous les albums auxquels j’ai participé. Je les écoute. Tu sais, ce n’est pas dans le genre : « Je l’ai fait, maintenant j’oublie ça! » Non non! Je suis fan, j’aime vraiment ce que je fais. J’ai toute la merch des tournées. Je ramène tellement toute à la maison, à chaque tournée. Les vinyles… J’ai quasiment toutes les variantes, les couleurs, les éditions comme le boxset, les digipaks. J’ai tout ça chez nous. Quelqu’un vient chez nous, puis il ne me connait pas, il penserait juste que je suis un fan fini de Cryptopsy pis de Cattle!
Lors de la dernière année, il y a eu des grosses opportunités pour Cattle Decapitation. Si on se recule d’une année, il y a eu la tournée avec Amon Amarth. Ensuite, le Decibel Tour et vous êtes allés en Nouvelle-Zélande et l’Australie. Si tu fais un retour de toute cette année-là qu’est 2023, j’imagine que la Nouvelle-Zélande et l’Australie, c’est une grosse part du gâteau?
C’est que… Je ne sais pas qu’est ce qui se passe là-bas, mais Cattle Decapitation a un fanbase tellement intense. C’était fou! C’est limite… Genre… On dirait que là-bas, on est des rockstars! On remplit des méga grosses salles, les fans paniquent. C’est vraiment spécial là-bas. Dans le fond, la dernière tournée qu’on a faite avant la pandémie, c’était là. On était en Australie et en Nouvelle-Zélande. Puis là, d’y retourner 3 ans plus tard, ben ç’a avait juste doublé au niveau intensité. Tu sais, dans le fond, on jouait dans des salles de 1000 personnes mais maintenant, on remplit des salles de 2000 personnes, avec 400 personnes dehors qui ne peuvent pas rentrer et qui veulent des billets. C’est capoté! On faisait des meet & greet et on n’avait pas pensé que ça marcherait autant que ça. À Sydney, je pense qu’il y avait, genre, 150 personnes qui se sont pointées.
Ok, parce que, généralement, c’est combien de personnes au meet & greet?
Ben, je te dirais entre 20 et 30 personnes. Ça, c’est un gros meet & greet. Mais là, quand tu arrives et qu’il y en a 150, pis que tout le monde veut te parler pendant deux/trois minutes, c’est impossible! Ils ont tous des histoires personnelles, des anecdotes. Tu te rends compte que la musique de Cattle représente tellement quelque chose d’important pour eux. C’est ce qu’ils veulent nous partager, à leur tour. C’est comme en 2019. Non, en 2020, pardon. On avait ramassé des fonds pour les feux en Australie. T’sais, y’avait des feux de forêt là-bas, c’était monstrueux. Y’a un gars au meet & greet, ça c’est intense comme histoire! Donc y’a ce gars qui est venu nous voir, puis il pleurait. Il nous a raconté que c’est avec l’argent qu’on avait ramassé pour la fondation qu’ils ont pu rebâtir la maison de ses parents! Il pleurait, pour lui c’était un cadeau qui avait changé sa vie. Cattle Decapitation, c’était important pour lui à ce niveau-là aussi. C’était plus que la musique car le band avait fait quelque chose pour lui et surtout, sa famille.
Wow! Parce que, en même temps, pour vous autres c’est bon de voir que votre campagne a eu un impact. De plus, on ne sait jamais vraiment où va l’argent qui est amassé. Mais là, vous avez eu une preuve assez intense.
C’était vraiment important pour nous de voir ce gars et ce qu’il nous a raconté, c’était touchant. Vraiment. Parce que tu sais, avec tout l’argent qu’il y avait dans le fond, cela nous confirmait que l’argent était bien distribué. Les gens payaient le billet l’équivalent de mettons, 50 piastres. Ben, tout cet argent-là allait uniquement pour la fondation qu’on avait choisie. C’est fantastique! Nous, ce n’était pas pour faire de l’argent, c’était juste de la pure bonté. C’était vraiment juste pour aider une cause. Puis on avait fait de la merch spéciale aussi. Puis, on savait que ça serait très important, tu sais? En plus, nous, on s’en allait tourner là-bas. Des feux de forêt, y’a du monde. Tu sais qu’ils rushaient pendant ce temps-là. Si ça peut aider d’une certaine manière, pourquoi pas?
C’est là qu’on voit que ce genre de collecte peut fonctionner. C’est un avantage. Tout le monde doit avoir son anecdote sur l’album Death Atlas qui est sorti, justement, juste avant la pandémie.
Même encore aujourd’hui, on s’en fait parler. Comme si on avait prédit la pandémie. Des fois, les fans nous demandent d’écrire des tounes qui disent qu’on devient tous millionnaires! Des niaiseries de même, là! Dans le sens que : « Vous prédisez le futur, enweye! » Comme avec Bring Back the Plague, c’est… d’une certaine manière, pas qu’elle a sauvé le band, mais elle nous a donné comme un deuxième souffle parce que pendant la pandémie, elle a fait jaser tellement de monde. Tsé, le clip est passé dans des médias un peu partout dans le monde, comme en Suède. La toune est comme devenue un peu « mainstream » car elle était pile dessus, face à tout ce qui se passait avec la COVID. Ça c’est fou et quand on la joue live, on voit que les gens, ils chantent! Ils chantent le refrain, dans un show de Cattle Decapitation! Dans un show de death metal? Ben voyons donc! C’est capoté bin raide!
Ouais, effectivement. C’est devenu votre Enter Sandman.
Ouais, c’est un bon exemple. C’est notre Enter Sandman, à 100%. Puis à chaque show, à chaque fois qu’on la joue, bin ça capote! Ça fait que c’est une toune qui va rester dans le setlist pendant un bon bout de temps!
Si on se ramène à Terrasite, l’album. Écoute, comment ça fonctionne au niveau de l’écriture? Étant donné que tu habites au Québec, ça veut dire que tu reçois les fichiers par internet?
Ouais, ben c’est ça! Terrasite, on l’a composé pendant la pandémie. Parce que nous, dans le fond, le cycle de tournées a tout été scrapé à cause de la COVID. À la base, on n’avait pas de plan pour écrire un album à ce moment-là. Nous, on voulait faire 2 ou 3 ans de tournée pour Death Atlas, puis après, passer à l’album suivant. Là, c’était non! Voyons donc! Il n’y aura pas d’autre tournée tant que la vie ne va pas recommencer comme avant? Pis après la pandémie, il va être trop tard pour cet album-là! Il faut qu’on passe à autre chose, absolument. Fait que les gars de Cattle ont commencé à écrire, un peu chacun de leur bord. On avait un Google Drive dans lequel on garochait des idées. Puis moi, je suis arrivé puis j’ai tout fait ma basse. Tout cela a été fait vraiment, facilement, pour être honnête! Je n’étais pas certain au début parce qu’il me semble que, pour ce genre de musique, il faut qu’on soit ensemble. On pratique des idées, tout le monde ensemble, dans un local. Mais non, ça s’est fait vraiment naturellement. Rapidement aussi. L’album a été composé comme ça (il claque des doigts) genre vraiment vite! Je pensais qu’on n’allait pas avoir d’idées. Tsé, on venait de faire Death Atlas, pis on avait tout donné. Fait que ç’a l’air que finalement, on avait encore pas mal de stock dans le ventre!
Y’avait encore du jus, mais quand tu as terminé de monter tes affaires, c’est là que tu te dis : « Ok, je suis prêt! Le studio est booké, je m’en vais aux États! » ?
Exactement. Comme avec Death Atlas, on a fait ça à Denver, au Colorado, avec Dave Otero. Dans le fond, de la manière que ça fonctionne, nous on s’en va vraiment s’installer pour 2 mois. On s’isole, on met le focus juste sur l’album. Autant pour la musique que pour le visuel, que les photos et les vidéos. Toute. Tu sais, c’est vraiment deux mois intenses. C’est difficile à un moment donné, tu commences à virer fou, un peu. Tsé, t’es dans le milieu de nulle part, tu fais juste écouter les mêmes choses, tout le temps, en boucle. Donc, on n’écoute pas de musique, on met juste le focus sur ce qu’on fait. Pas de distraction, rien. Fait qu’à un moment donné, après un mois, c’est à ce moment que tu commences à virer un peu fou dans ta tête. Mais ça donne des bons résultats parce que tu sais, des fois, il y a des trucs qu’on change en studio. Justement, à cause que, ben finalement, on feele différemment. C’est parce que tu sais, on les vit les tounes, 24 heures par jour. On les joue, on les pratique tellement que finalement, il y a des idées qui partent et qui sont modifiées. Comme la dernière toune sur l’album, Just Another Body. Cette toune-là, elle n’était pas censée finir comme ça. C’est vraiment dramatique à la fin. Première semaine au studio, Trevor Strnad de The Black Dahlia Murder est décédé. Cet événement fait que tout a changé. Le mood était plutôt dark. Nous, on ne voulait pas faire un album sombre. Avec Death Atlas, c’était pas mal la fin du monde! C’était ça le concept sauf que là, c’était de la tristesse avec ce décès. L’album est dédié à Trevor, il est dédié aussi à Gabe, le premier drummer et fondateur du groupe. Le fait que les deux soient décédés dans la même semaine, c’était lourd et triste. Puis c’est la première semaine qu’on est entré en studio. Travis (NDLR : Ryan, chanteur de Cattle Decapitation), cela l’a vraiment atteint. C’est pour ça que Just Another Body a été retravaillée.
Trevor Strnad, c’était un ambassadeur du metal underground extrême. C’était quelqu’un qui avait un amour puissant, pour le metal. Puis, c’était un bon gars.
Il représentait le côté positif du metal. D’apprendre une nouvelle comme ça, je me rappelle qu’on était tous dans le salon. Les cinq gars, sur leur téléphone. Total silence. Ça ne pouvait pas être vrai, voyons? C’était le cliché, du genre le clown est triste. C’était un peu ça parce que Trevor, c’était le gars qui faisait tout le temps rire les gens. Ils s’assuraient, tout le temps, que tout le monde soit bien et heureux. Faque d’apprendre ça… Même encore aujourd’hui, quand j’en parle, je ne le réalise pas vraiment. C’est toujours vrai que sa mort ne fait pas de sens. Trevor, ça fait… je le connais depuis tellement d’années. Tellement, tu sais, c’est un ami. Puis il supporte le métal, à fond. Je joue dans un autre band qui s’appelle Vengeful. Trevor, il nous écoutait, puis il nous aimait. Il faisait des shows en portant notre merch. Tsé, un vrai fan de metal. Puis, il prenait toujours le temps pour les fans, pour les gens qui étaient autour de lui. Ça fait que ouais, c’était lourd. C’était très lourd même.
Tu parlais du fait que lorsque vous êtes en studio, vous êtes focus sur l’album. L’enregistrement des chansons, vous modifiez telle ou telle chanson et ensuite, vous recevez la pochette. Nous avons vu justement des clips, ici et là sur Internet quand vous avez reçu la pochette de Terrasite. Avec Cattle Decapitation, il y a un côté très humoristique.
Après, on a vu les memes sortir avec les personnages de Antz ou Bug’s Life, je pense. On n’avait jamais pensé que les gens allaient faire des jokes avec ça! Ce qui est fou avec cette pochette-là, c’est que le personnage principal donc l’insecte, c’est une sculpture. On a rencontré l’artiste Wes Benscoter, l’autre jour. L’artiste qui fait les pochettes de Cattle depuis pratiquement toujours, il a rencontré Travis pour la première fois, l’autre jour! Pendant cette tournée! Ils ne s’étaient que parlés au téléphone, depuis toujours!
C’est comme Cannibal Corpse avec Vince Locke.
Oui! Et il nous a présenté cette sculpture. Je me disais : « C’est fou! » Mais c’est massif cette affaire-là! Il y a plusieurs procédés pour la pochette. Il y a la sculpture, la photographie de la sculpture, de la peinture digitale et d’autres procédés numériques. Il y a de la vraie peinture aussi. Il a comme mélangé trois styles ensemble, puis cela a donné cette pochette-là. Ce qui a marqué les amateurs dans ce projet, c’est la couleur. Des couleurs vives, rien de très sombre. Pour un album de death metal, les couleurs sont pas mal « flash ». C’est quasiment couleur pêche! Il y avait du monde, au début, y’était pas sûr. Mais on dirait qu’avec le temps, les gens ont comme compris le concept. C’est vrai que ça peut paraitre bizarre, un peu. Mais quand tu connais le concept, tous les petits « easter eggs » cachés ici et là, il y a le monolithe, par exemple… Eh bien c’est juste fascinant! La bibitte, on l’a nommée Steve. Dans le fond, elle sort des corps brûlés de Death Atlas. C’est après la fin du monde, tout a brûlé. Tout est détruit. La vie renaît lentement mais c’est une forme humaine, un genre de coquerelle. Une abomination.
C’est un concept de Travis?
C’est tout le temps ses concepts. Et Travis a déjà le concept pour le prochain album. Par contre, je ne peux pas vraiment en parler.
Si je comprends bien, ça fonctionne pratiquement en série de trois albums. Il y a eu Death Atlas, Terrasite et le prochain mettrait un terme à une trilogie?
Oui, et la suite, le concept est 100% relié à Terrasite. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant!
Lors de ma dernière entrevue avec Matt McGachy de Cryptopsy, on parlait de toi. Je lui disais que je trouvais que la basse sur le nouveau Cryptopsy était intense et très tight. Ensuite, il m’a dit quelque chose. Tu peux me le confirmer, si tu veux. Il me disait qu’avec Cattle Decapitation, tu es là pour suivre la rythmique mais qu’avec Cryptopsy, c’est là où tu pouvais être un peu plus en mode expertise.
C’est vrai. Avec Crypto, je me gâte plus, beaucoup plus. C’est plus ouvert pour ça. C’est une musique intense, puis technique. Que la basse soit libre, c’est vrai mais pas pour faire n’importe quoi. Parce que je ne veux pas trop en mettre, mais je peux me gâter un peu plus. Parce qu’entre la musique de Cryptopsy et celle de Cattle, je te dirais, celle de Cryptopsy, ça c’est technique! C’est intense, c’est beaucoup de choses qui se passent. Avec Cattle, c’est plus : on écrit des tounes avec des refrains, avec des structures, des touches qui se veulent différentes. Ça fait que je ne peux pas commencer à me déchaîner à la basse comme un malade pendant que Travis chante un gros refrain. Ça fait qu’il faut penser à ça aussi, il faut penser à servir la toune. Qu’est-ce qui est nécessaire pour que la chanson soit bonne, bien solide? C’est quelque chose que j’ai appris avec les années en studio, c’est d’apprendre à jouer moins de notes. Ça va paraitre bizarre mais les notes que tu ne joues pas sont plus importantes que les notes que tu joues. J’essaie de penser à la basse, quel est son rôle? C’est comme… c’est comme le bacon! C’est le gras! C’est ce qui tient le band, comme un mix entre le drum et les guitares. Je vais jouer là-dedans puis je vais chercher un peu des lignes mélodiques du vocal. Fait que, je ne te dirais pas que je suis nécessairement les guitares. C’est que je complémente, un peu, chaque instrument. J’essaie de faire en sorte que ce que la basse peut faire pour que les guitares sonnent mieux et que l’idée de drum, car il y a beaucoup de patterns de drum et de basse sur Terrasite, puisse ressortir. On a vraiment travaillé là-dessus. Beaucoup même. C’est plus en mode « écriture » de chansons avec Cattle. Essayer d’écrire des chansons. Comme tu disais, un peu Black Album de Metallica. Ce n’est pas nécessairement l’album le plus complexe de Metallica, mais c’est l’album qui a les tounes!
En ce moment, t’es à Montréal, tu termines la tournée de Cattle. Les gars de Cryptopsy sont en Asie. Dom Grimard est celui qui prend ta place sur scène avec Cryptopsy. Est-ce une décision de Chris Donaldson de l’avoir avec Cryptopsy, en voulant dire : « C’est mon buddy, il va jouer! » ou c’est d’un commun accord?
C’est un commun accord, en fait. C’est qu’au début, quand je savais qu’il allait y avoir des conflits d’horaires, on avait des noms comme Forest. J’avais pensé à Adam Biggs de Rivers of Nihil. Mais Dom, il fait partie de la famille Cryptopsy. Il travaille avec Chris au studio. C’est un ami de tous les membres du band depuis tellement d’années. C’était vraiment un choix logique. C’est plus facile, il est ici en plus. Pourquoi aller engager un Américain? Il travaille avec Chris. Pour eux, monter le set, pratiquer ensemble, ça se fait tout seul! Moi, ça fait bien mon affaire qu’on ait pu trouver quelqu’un qui fait la job, qui veut le faire. Je sais que le band est entre bonnes mains!
Dom joue au pic.
Oui, au pic. On a deux styles, totalement différents mais ça fitte! J’ai monté les tounes avec lui, mais tu sais, on a adapté certaines parties pour que ça marche au pic, pour que ce soit plus convenable pour lui.
Au Québec, nous avons Chewy et Rocky qui, lorsque Voïvod n’est pas actif, vont jouer avec Dan Bigras ou Marjo. Ils ont des gigs plus pop. Est-ce que tu as déjà pensé d’accompagner un artiste québécois? De prendre des gigs de même?
Absolument. Est-ce que j’ai quelqu’un en tête en particulier? Non, mais j’ai tout le temps dit que si je recevais un appel, je le ferais! Il faut que ce soit un artiste que j’aime par exemple! Jamais me prostituer juste pour aller faire du cash. Mais si c’est un artiste que j’aime : Let’s Go! Moi, je ne veux pas nécessairement avoir l’étiquette Death Metal, parce que c’est pas mal ça que je fais tout le temps. Je fais de tout, je joue vraiment de tous les styles. Vraiment.
Je te vois bien aller jouer avec Dumas, par exemple. Je trouve que ça fitterait!
Dumas, oui. Ou même du rap. Je n’ai jamais reçu de call. Je vais peut-être commencer à faire des vidéos TikTok.
Pas le choix, maintenant!
C’est quasiment obligatoire d’embarquer dans le buzz TikTok. Instagram, avec les reels. Tu as des musiciens qui ne sortent pas de chez eux, ils s’enregistrent dans leur chambre et ils ont 100 000 followers. Des petits clips, c’est rapide, instantané mais il faut nourrir la bête par exemple. Le meilleur exemple que j’ai pour toi : Lorna Shore! Avant la pandémie, on a fait le Summer Slaughter. C’était Lorna Shore qui ouvrait le show. Présence sur les réseaux sociaux intense, c’est maintenant le plus gros band de metal extrême en ce moment. Plus gros que Cannibal Corpse, plus gros que Behemoth… Wow! Comment ça? L’effet TikTok! Je pense que c’est une bonne chose, d’une certaine manière. Nous, on le réalise sur cette tournée-là. Ce phénomène a ouvert les portes à du monde qui n’écoutait pas de metal, à la base. On les voit, maintenant, pendant nos shows. Ils disent : « C’est mon deuxième show metal! » Et là, on demande : « C’était quoi le premier? » Et la réponse est tout le temps : « Lorna Shore! » Tu comprends que ce ne sont pas des gens qui écoutent du death metal de façon constante, il y a quelque chose. L’esthétique du band va rejoindre les jeunes et, comme de raison, la comparaison du vocal de Will Ramos avec Travis vient en jeu. Travis, il est le OG dans ce style de voix, si on peut dire. Les gens qui apprécient le style de vocal de Ramos et qui veulent creuser un peu finissent par tomber sur Cattle. C’est certain.
Et l’effet Spotify. Après une chanson de Lorna Shore sur une playlist, l’intelligence artificielle va te faire jouer du matériel qui se veut en relation avec ton choix de base. Cattle Decapitation a des chances de se retrouver dans la suite, après une pièce de Lorna Shore.
Oui. Et tu sais quoi? C’est une bonne chose. Tout le monde est gagnant là-dedans.
Donc, Cattle Decapitation demeure ouvert aux nouvelles technologies. Vous n’êtes pas de vieux chialeux qui râlent en disant : « Dans le temps, ce n’est pas même que ça marchait! »
Nous sommes ouverts. Mais c’est de la job. Travis met des clips ici et là. On le disait que ça nous prendrait un TikTok mais c’est du temps! Tsé, on aimerait ça engager quelqu’un, juste pour gérer les réseaux sociaux. C’est une job pareil, il faut que tu sois tellement assidu. Moi, personnellement, je ne suis pas motivé à le faire!
À chaque fois que je vois que Suicidal Tendencies partent en tournée, on voit qu’ils ont toujours des problèmes avec leur bassiste. Même chose avec Korn. As-tu déjà pensé faire l’audition ou donner ton nom aux deux bands? Tu serais le bassiste idéal. Y as-tu déjà pensé?
Ben, j’y pense tout le temps! Tantôt, tu me parlais pour le Québec, je le ferais donc imagine pour un des deux groupes. Moi, Korn, si je recevais l’appel, j’irais tout de suite! Absolument! Je suis ami avec Ra Diaz, qui est le bassiste de Korn en ce moment mais qui jouait avec Suicidal Tendencies avant d’avoir la gig. J’arrête pas de le gosser, du genre : « Si jamais t’es malade, je vais le faire! » Moi, Fieldy? C’est une de mes inspirations. Je ne sais pas si ça parait, sur scène, la façon que je tiens ma basse? C’est très Fieldy!
Ma dernière question est simple : Souhaits pour 2024?
J’aimerais continuer le cycle de tournée de Terrasite. Continuer sur cette lancée, ça va super bien! La moitié de 2024 est déjà bookée. Je veux que le band continue de grossir, que les fans continuent de nous encourager car la qualité de nos fans est hallucinante. Ils sont loyaux et ils tripent. Grossir, tout en restant vrai.
Encore l’humilité, ici!
Ouais…
Je pensais que tu allais nous souhaiter un retour du Heavy Montréal.
Aie, oui! Il faut, là! Avec Cattle, nous avons fait la dernière année. Les gars du band n’arrêtent pas de le dire que c’est insane que ce festival n’existe plus! C’est un des meilleurs festivals metal au monde. Sans joke, tu demandes à n’importe lequel band qui y ont joué, ils vont te dire que c’est le meilleur festival en Amérique du Nord. Le site est cool et la bouffe est malade! C’est une grosse famille metal, tout le monde a du fun, peu importe le style sur scène! Du death, du power metal, du black metal en passant par Disturbed. Ramenez-nous ça!
Je sais que tu es en tournée pratiquement à l’année mais en 2023, les shows sont tout le temps sold-out.
Y’a un phénomène au Québec : on aime le metal! Tu joues à Montréal, un lundi soir. Le monde sort pareil. D’autres villes en Amérique, le lundi, c’est mort!
Au Québec, on ne dort pas! Merci Oli!
Merci à toi!
L’album de Cryptopsy « As Gomorrah Burns” est disponible et même chose pour « Terrasite » de Cattle Decapitation.
www.facebook.com/cattledecapitation
Photo en concert (Mihaela Petrescu) et de l’article (Eric Sanchez)