La formation Carnation se veut le porte-étendard de la sonorité death métallique à connotations stockholmoises pour les Belges. Effectivement, ce groupe a proposé deux albums impressionnants qui allient la touche des guitares des Entombed, Grave et Dismember tout en y allant avec une pincée plus moderne. Maintenant bien en selle en 2023, il est maintenant le temps de proposer ce troisième album et il est toujours difficile d’y aller avec une troisième offrande car, soit que ça passe, ou soit que ça casse!
Il arrive souvent que le troisième album représente le moment où une formation tente de nouvelles choses, pousse le bouchon encore plus loin en incorporant divers éléments ou ne fera, tout simplement, que peaufiner sa sonorité pour élargir son public. Vous pouvez penser à Master of Puppets de Metallica, The Number of the Beast d’Iron Maiden ou Cold Lake de Celtic Frost et Wolverine Blues d’Entombed.
Donc, est-ce que Carnation nous propose son Master of Puppets ou son Cold Lake? À moins que ce soit plutôt un léger changement à la Entombed sur Wolverine Blues plutôt qu’un changement magistral comme l’a fait Iron Maiden sur The Number of the Beast?
Lorsque j’ai entendu le premier simple, Replicant, qui provient de ce nouvel album, je n’ai pas été convaincu. Pas une seconde. Oui, la touche death métallique de type scie à chaîne y était mais c’est l’irritante portion d’une voix claire qui me semblait non-essentielle. Effet de surprise, je ne peux pas dire que la sensation se voulait agréable car l’intonation proposée est beaucoup plus selon les standards du metalcore que pour le power metal.
L’effet que veut proposer le genre metalcore, ce qui se résumerait à utiliser les voix claires comme étant une sensation de douleur interne vécu par le personnage de la chanson, m’a toujours irrité. Je prends par exemple la formation Demonical qui a utilisé les services de Nils Patrik Johansson sur Slipping Apart, de l’album World Domination. Chanteur power metal, son impact se voulait beaucoup plus épique et son apport était parfait tandis que pour ce qui est proposé par Carnation, je sens beaucoup plus une tendance vers le genre metalcore.
En regardant la pochette, je retrouvais l’esthétisme de Lorna Shore et Mental Cruelty. Ajoutez à cela un changement de logo plus lisible, mon inquiétude montait…
Fudge… le groupe récidive sur la chanson titre, qui ferme l’album sauf que pour celle-ci, l’approche se veut différente. L’intervention de la voix claire est plus précise et épique, moins core, et vient servir la chanson de façon beaucoup plus habile. La seconde portion de clarté vocale sur cette chanson rappelle même Alice in Chains. Je suis un peu perdu…
Mais, il y a le reste!
Étant d’un naturel optimiste, j’ai pu apprécier ce qui constitue le reste de Cursed Mortality. Par exemple, la chanson qui débute l’album, Herald of Demise, est selon les standards habituels du groupe et on y retrouve même Andy Larocque (de chez King Diamond) qui prête ses talents à la 6 cordes sur cette pièce ravageuse.
Ensuite, Maruta et Metropolis sont aussi de gros morceaux sanguinolents. Les tueurs en série demeurent des sources d’inspiration pour de nombreuses formations death métalliques. De notre côté de l’Atlantique, le sujet de Dahmer a été amplement détaillé par une panoplie de groupes. Carnation nous vient de la Belgique et ce pays n’a pas été épargné par les tueurs sadiques. C’est pourquoi le groupe dresse un portrait de l’Affaire Dutroux sur cet hymne death métallique qui se nomme, justement, Dutroux.
La chanson Submerged in Deafening Silence est la plus doom du lot et amène justement, un apaisement à l’album mais pas une cassure du genre comme le fait Replicant. C’est justement en écoutant cette chanson à plusieurs reprises que je me suis mis à « faire la paix » avec cet album qu’est Cursed Mortality car, pour être franc, lors des trois premières écoutes, j’étais prêt à annuler ma commande du vinyle.
Tout ça, uniquement en relation avec la pièce Replicant et son apport de voix claires. Je me suis calmé le pompon et je me suis dit que la présence de cette voix avait probablement une utilité quelconque.
Par le savoir, je devrai probablement passer le groupe en entrevue car en fin de compte, quand j’y repense, Carnation tente tout simplement de sortir de son propre moule, tout en gardant un pied dedans!
Disponible le 3 novembre sur Season of Mist.
Photo : Gaelle Spaas