Ce qui m’a attiré vers cette bibitte métallique qu’est Hexvessel, c’est la présence de Matt « Kvohst » McNerney. Effectivement, ce chanteur extraordinaire propose un grain de voix qui m’a toujours plu. Que ce soit comme invité sur une chanson de Carpenter Brut, avec Grave Pleasures, DHG mais c’est surtout avec Beastmilk que ce barde m’a impressionné. Avec une approche qui nous remémore autant un crooner punké qu’un émule de Morrissey hargneux, je suis bien prêt à lui donner une chance, peu importe le projet.
Je n’avais jamais prêté attention à Hexvessel, malgré le fait que le groupe existe depuis 2009. En recevant leur nouvel album Polar Veil, c’est la pochette qui m’a tout de suite tombé dans l’œil. Avec cet esprit sombre qui survole un village enneigé, sa parcelle ludique nous rappelle les vieux films de l’Office National du Film. Œuvre de Benjamin König, ce musicien de la scène allemande propose aussi ses talents visuels, question de boucler les fins de mois.
Au niveau musical, Hexvessel s’étend vers de nombreuses contrées. C’est un amalgame plutôt varié qui se retrouve sur Polar Veil, le groupe y va vers le rock psychédélique atmosphérique teinté de folk avec quelques élans plus noircis tout en demeurant ténébreux.
Polar Veil débute avec la pièce The Tundra Is Awake, une pièce plutôt bourdonnante au niveau des guitares. La voix de McNerney vient épandre une bonne couche de miel sur ce mur de guitares très shoegazesques, jusqu’à la cassure au tiers de la pièce. Ensuite, Older Than the Gods propose un effet plus grandiose. C’est ouvert aux guitares, les voix sont plus enrobeuses mais Hexvessel reste dans une sphère musicale très shoegaze, ce qui nous permet de comprendre que l’expérience sonore sera englobante plutôt que perturbante.
Cet effet se confirme avec Listen To The River, avec sa rythmique atmosphérique teinté de folk. Lentement, la cadence prend un peu plus de punch avec A Cabin In Montana mais l’exercice demeure encore très alangui et apathique. C’est très automnal comme approche musicale, hivernale même étant donné l’impact de la couverture de l’album.
C’est avec Eternal Meadow que Hexvessel prend une certaine vigueur avec ses impulsions plus noircies mais le voile atmosphérique reprend son opacité, vers la moitié de la pièce. D’avoir eu une certaine impétuosité sonique m’a réveillé lors de mon écoute car je commençais à piquer du nez. Par contre, le reste de l’album demeure très assoupissant et soporeux.
Exercice sonore hypnotique, Polar Veil n’est pas un truc musical qui est monté pour te motiver à faire de la randonnée pédestre, en direction du sommet du Mont Pinacle. Effectivement, cet album serait beaucoup plus à écouter lors de ton arrivée, en haut de ce mont de la région des Cantons-de-l’Est, tout en buvant un excellent produit de la microbrasserie Dunham.
En mode contemplation, tu pourrais prendre les 42 minutes de cet album dans tes écouteurs tout en te sifflant une grosse bouteille de Saison du Pinacle, directement dans ton petit gobelet de randonneur. Ce serait juste, parfait!
Disponible maintenant sur Svart Records.
Photo: A.H