Je n’en suis pas à ma première discussion sur la qualité de mon gazon. Si vous êtes un banlieusard comme moi, vous savez que la qualité de votre pelouse vous procure fierté face au reste du voisinage. Les gazonphiles savent que le mois d’août est une période où la pousse du grain vert se veut rapide et d’une efficacité incroyable. Dimanche matin, je me suis mis derrière ma tondeuse pour tondre mon terrain, une tâche titanesque compte tenu de l’étendu de ma surface gazonnée. Le périple a été long, longtemps. Tellement long comme aventure que je me suis tapé We Poison Their Young, le nouvel album de Karras, à 6 reprises!
Avec ses 21 minutes, nous comprenons rapidement que j’en ai eu pour 2 heures et des poussières. C’était compréhensible, étant donné la longueur intense de chaque grain. Le dessous devenait bourré de façon constante, je devais soulever l’engin à plusieurs reprises. Par contre, la sonorité death/grind/powerviolence de ce groupe français m’a grandement aidé face à cette besogne essentielle.
Karras nous vient de France et, comme bien des formations de là-bas, s’exprime en anglais. Le nom du groupe vient directement du livre (ou film) The Exorcist. C’est le nom du Père qui participe à l’exorcisme de la jeune Regan, dans ce livre d’épouvante mais surtout, film qui nous a tous donné la pétoche.
Au niveau musical, Karras torche. C’est rapide, vif et intense mais le groupe a tout de même un côté excessivement accrocheur. Ce qui veut dire que malgré l’effet moulin à café de leur musique, nous retrouvons tout de même de bons moments de transition, question de te permettre de balancer la caboche pour démontrer ta satisfaction.
Au niveau de la production, tout est audible et la réalisation se veut aérée pour ce genre de metal. Le souci face au fait de proposer un truc virulent mais compréhensible nous ramène vers des formations comme Nasum, Rotten Sound et Napalm Death quoiqu’au niveau de la voix, le bassiste et chanteur Diego Janson a un grain qui se rapproche plus de John Connely de Nuclear Assault en fusion avec le cri d’Alexander « Alle » Hagman de Raised Fist.
L’album commence avec un échantillonnage qui provient probablement d’un film pour la pièce Prelude to Depth. Ensuite, nous avons un gros riff bien gras qui prend de l’expansion pour ensuite nous diriger vers une pétarade. Ensuite, avec ses 37 secondes, A Chaplain’s Breath déménage pas mal plus que ta gang de chums qui devait t’aider le 1er juillet dernier et Roland Doe se veut plus agglutinante.
Ce processus se répète tout au long de cette production qui, ma foi, demeure excessivement efficace dans sa brutalité. Le groupe a une forte capacité d’alternance entre les cadences pâteuses en plus de celles hyperactives, et c’est d’une efficacité fabuleuse, surtout avec la pièce Lutheran Blade, qui représente à merveille cette formation française.
En cette période où vous pouvez soit aller aux pommes en famille ou vous clancher une couple d’albums au sous-sol en vous enlignant une couple de canettes de bière, We Poison Their Young peut vous plaire amplement.
Sauf que vous risquez d’avoir votre douce moitié qui vous boude si vous choisissez l’option 2…
Disponible le 29 septembre sur M-Theory Audio.
Photo : Ben Tardif