Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?


Le choix de Jade Favreau

Moonsorrow – Voimasta ja Kunmiasta. Ce mois-ci, je dois avouer que mes goûts musicaux ont grandement varié. Je suis passé par Dissection, pour ensuite me diriger vers un peu de Kiss (j’ai même écouté le film Detroit Rock City, que j’ai tout de même apprécié) pour enfin terminer ma course avec Emperor.

Par contre, ce qui a le plus roulé dans mes écouteurs est Voimasta ja Kunmiasta,
album de Moonsorrow, sorti en 2001. Je trouve que cette sortie en particulier est très
motivant lorsque je dois étudier. J’ai l’impression de ne pas avoir besoin d’être
complètement attentive, je peux tout simplement me laisser emporter par la mélodie. Il
y a un petit quelque chose de relaxant dans cet opus (oui,oui, relaxant). L’album est
constitué de 6 morceaux variant entre 7 et 13 minutes (environ). Un excellent effort
pour aller se promener dans la neige, quoiqu’ici, à St-Louis je sens déjà le printemps
pointer le bout de son nez.

On assiste ici à un de la musiquetrès folklorique, touche qui me rejoint énormément. J’ai
toujours aimé le mélange de Black et de Folk. Moonsorrow est le band parfait si vous en
êtes fan aussi.

Bonne écoute!


Le choix de Geoffroy Dell’Aria

Glaciation – Ultime éclat. L’hiver québécois se poursuit ici inexorablement, recouvrant le monde d’un implacable manteau immaculé à l’allure un peu irréelle. Et c’est au cours d’un trajet en train, traversant ces paysages hors du temps, que s’est imposé naturellement mon album du mois.

Ultime éclat, que je vous propose ici de (re)découvrir, est l’œuvre du groupe français Glaciation, et est sorti en 2020, il y a maintenant 3 ans presque jour pour jour, chez Osmose Productions. Ce deuxième opus se place dans la continuité de leur précédent méfait, Sur les falaises de marbre, qui m’avait énormément marqué et obtenu un beau retentissement en France, à l’époque de sa sortie (2015).
De l’eau a depuis coulé sous les ponts, le groupe a connu de profondes mutations au sein de son line-up et les compositions ne sont peut-être pas tout à fait dans le même esprit qu’auparavant, mais qu’importent les écueils, voici ici un successeur qui a tenu, à mon sens, toutes ses promesses.

Nous nous retrouvons donc en présence d’un black metal épique et terriblement prenant, doté de ce son si caractéristique de la scène hexagonale et qui n’est pas sans nous évoquer un certain Bâ’a ou Anorexia Nervosa (l’aspect symphonique en moins).

Au cœur d’une production extrêmement puissante, conjuguant à la perfection mélancolie et agressivité, s’entremêlent chœurs grandioses, guitares martiales et batterie furieuse… sans oublier la présence ô combien judicieuse et pertinente de claviers, conférant à l’ensemble une subtilité supplémentaire pour un rendu des plus accrocheurs. De l’ouverture claironnante du titre éponyme jusqu’à la conclusion pianistique Les Grands Champs d’Hiver, en passant par le fabuleux et glacial Vers le Zéro Absolu, c’est un véritable sans faute!

Enfin, au-dessus de cet océan de riffs percutants, trône en majesté la voix du seigneur Hreidmarr, au timbre inimitable et reconnaissable entre tous. Et c’est au travers d’un chant chant hurlé, tantôt clair, tel une harangue vindicative et désespérée, qu’il nous martèle de manière très intelligible de superbes textes, à la prose sombre teintée de nostalgie, comme Glaciation nous y a habitués depuis leur EP 1994.

L’atmosphère qui émane de cet album est ainsi d’une flamboyance toute particulière et je ne peux que vous souhaiter d’être touché à votre tour par cet ultime éclat de noirceur. Un éclat qui demande à être apprivoisé et ne vous dévoilera toute sa splendide profondeur qu’au fil d’écoutes attentives…


Le choix de Matrak Tveskaeg

Imperium Dekadenz – Into Sorrow Evermore. Il n’y a pas à dire, le plus récent album du duo allemand frappe fort en ce début d’année! Il est encore trop tôt pour affirmer que cette galette se retrouvera assurément dans mon Top 10 des sorties annuelles mais il y a fort à parier qu’il s’est déjà taillé une place de choix au fil de mes écoutes. Bien que l’imagerie utilisée sur l’album soit quelque peu clichée, je trouve qu’elle reflète bien l’esthétique du groupe, tant dans sa musique et dans l’ambiance que les pièces laissent transpirer. 

Nous sommes ici en présence d’une production de haute qualité. La batterie percute à souhait avec un succulent reverb sur la caisse claire qui est, on ne peut plus efficace dans les passages plus atmosphériques. La basse est comme trop souvent, l’instrument le plus effacé mais la simplicité des parties amène ce bon vieux grondement de fond typique de certaines productions mainstream. Les forces de l’album sont assurément la voix du chanteur et sa reverbération qui ajoute une touche caverneuse tout comme les guitares qui réussissent à saturer malgré la propreté de la production et ce, tout en gardant leur caractère distinctif. 


Le choix de Simon Rioux

Stormkeep – Tales Of Othertime. Ces temps-ci, j’écoute beaucoup de Black métal mélodique (j’ai longuement hésité entre celui-ci et le nouveau …And Oceans d’ailleurs!) et je suis retombé sur cet album qui avait été un coup de cœur pour plusieurs en 2021. On ne réinvente rien ici, mais la musique est particulièrement efficace dans le style, car c’est mélodique et épique à souhait. C’est bien composé et les riffs s’enchaînent bien. Même la pochette à thématique fantasy et aux couleurs bleues dominantes n’est pas sans rappeler les heures de gloire de ce courant musical dans les années 1990, et plusieurs des classiques du genre peints par un certain Kristian Wåhlin par exemple (qui a signé plusieurs pochettes de groupes comme Emperor, Dissection, Wintersun ou Ensiferum parmi bien d’autres).


Le choix de Corinne Ainscow

Gaerea – Whispers. Pour ce mois-ci, je me suis laissé inspirer par les shows qui arrivent en mars. Gaerea fera la première partie pour Rotting Christ, Carach Angren et Uada prochainement. C’était le seul band du line-up que je ne connaissais pas, je suis donc allé faire mes devoirs et en écouter pour voir s’ils étaient dignes de faire partie d’un spectacle aussi épique. Et la réponse est bien oui, j’ai absolument adoré! Moins brutal que les autres, un peu plus mélodique, mais tout de même excellent. Très hâte de voir tout ce beau monde-là sur scène !! 


Le choix de Nathaniel Boulay

3Teeth – Metawar. Pour ce février, j’ai revisités 3Teeth et leur album Metawar. C’est du bon industriel bien pesant, bien produit et bien classique. Ça fait penser un peu à un mix de Nine Inch Nails, de Rammstein et Pig. L’album est leur troisième après leur début éponyme et Shutdown.exe. Un opus de remixes est aussi disponible avec des versions différentes des chansons du premier album. C’est avec Metawar que j’ai découvert 3Teeth et j’ai exploré le reste de leur discographie par la suite.


Le choix de Kevin Bylinski

Mo’ynoq – A Place For Ash. Mes écoutes du mois n’ont pas été très nombreuses. Avec un nouveau bébé, on privilégie le sommeil quand on peut! Mais dans les rares jours où j’ai pu écouter des albums complets, celui-ci en est un qui me jette par terre à chaque écoute. Venant de Caroline du Nord, ce groupe relativement nouveau joue un Black agressif et explosif tout en ayant de belles mélodies et des riffs accrocheurs.

Une belle découverte, car on oublie souvent que le USBM a des artistes très intéressants et que le Black n’est pas exclusif au Québec ou à l’Europe.


Le choix de Sarah Luce-Lévesque

Imperium Dekadenz – Into Sorrow Evermore. Quoi de mieux que de se morfondre avec un bon Black mélancolique en plein hiver avec un bon verre? Bien des choses vous me direz, mais pas grand chose d’autre pour moi ma te dire. J’t’un peu tombée en amour avec le p’tit dernier d’Imperium Dekadenz. J’aimais déjà le style des p’tits allemands, sauf qu’ils avaient rien sorti depuis 2019. About time. Tout en douceur malgré la haine, les beaux accords si bien enchaînés en tonalités mineures viennent me chercher din trippes. C’est éthéré, travaillé, honnête et surtout plein de passion. J’aime également que ça reste simple. Tout est dans les riffs et dans le vocal déchiré par la nostalgie. Vous irez écouter ça avec une bonne bouteille de rouge s’ul bord du foyer. J’ai choisi la pièce introductive de l’album puisque c’est elle qui m’a accrochée à la première écoute de l’album et ça, c’est important : les premières notes d’un album forgent le succès de celui-ci.


Le choix de PY Bédard

Esprit Noir – Esprit Noir II. Avec un peu moins de temps à consacrer à la musique dernièrement et considérant qu’il me fait plaisir de demeurer dans mes pantoufles par moments et ne pas toujours être en quête de nouveautés, je n’ai pas écouté énormément de musique sortant de mes classiques en février. Toutefois, dans les dernières heures est sorti un album que je souhaitais avec impatience sans savoir qu’il viendrait un jour.

J’avais adoré le concept d’Esprit Noir et tout le mysticisme autour du projet lors de sa première sortie en 2019. Je n’ai donc pu m’empêcher de sauter sur le second opus que j’écoute en boucle depuis maintenant plusieurs heures. Cette fois, Le Fantôme nous arrive avec une musique toujours aussi haineuse tout en exposant un côté que je qualifierais de davantage cru, ce qui différencie cette sortie et laisse croire à une évolution ou une autre tangente à explorer même si la musique des deux albums fut enregistrée à quelques jours d’intervale en 2018. D’ailleurs, pour ceux qui ne sont pas au courant, la musique d’Esprit Noir est composée sous forme d’écriture automatique et d’improvisation.

Pour ceux qui se sentiront interpellés par l’extrait, il est à noter qu’une version cassette sortira via Les Productions Hérétiques sous peu!

https://espritnoir.bandcamp.com/album/esprit-noir-ii


Le choix de Stanislav Stefanovski

Motörhead – Snake Bite Love. 1998 n’était pas une année évidente pour les sorties des groupes légendaires mais cela n’a pas empêché Motörhead de produire un album avec leur propre signature et qui contient du stock qui torche. Ces gars-là ont compris que le grunge et le Nu métal ce n’est pas quelque chose qui était fait pour leurs fans. Quand on se fait jouer du Motörhead, on veut entendre du Rock and Roll, du vrai. Même les « bas fonds » de  ce groupe sont du bonbon pour les oreilles.


Le choix de Louis-Olivier BG

Satanic Warmaster – Aamongandr. Quand un groupe de musique est vraiment bon, tout ce qu’il sort est pour le moins pertinent. C’est précisément le cas pour Satanic Warmaster de Finlande, qui fait preuve de constance dans ses sorties depuis ses débuts. Son dernier-né intitulé Aamongandr, publié à la toute fin de 2022, n’échappe pas à la règle établie par son créateur, Werwolf, en étant concis et efficace au possible. Il tourne en conséquence fréquemment dans ma chaumière depuis sa parution en décembre puisque j’apprécie grandement ses mélodies malsaines, directes. De plus, le graphisme coloré de la pochette représentant le loup-garou typique de la bande est nettement provocateur dans un monde musical Black métal dominé par le noir et blanc. Cela n’enlève absolument rien à l’impact sonique de la musique de la légende carélienne sur cet opus et à son excellente production. Je recommande donc chaudement son écoute à tous les fans de la horde finnoise. 


Le choix de Méi-Ra St-Laurent

…And Oceans – As in Gardens, so in Tombs. Le 6e album du sextet finlandais de Black métal symphonique a d’abord capté mon attention par son titre : As in Gardens, so in Tombs, qui est une référence à peine voilée à la célèbre paraphrase As above, so below (comme ci-dessus, donc ci-dessous). Ne connaissant que peu les concepts philosophiques qui sous-tendent cette paraphrase, j’ai décidé de mener ma petite recherche afin de mieux comprendre la référence du groupe. 

Sans entrer dans les détails (c’est clairement un sujet très vaste!), disons simplement que cette paraphrase provient d’écrits datant de l’Antiquité et réfère au concept voulant que tout ce qui régit l’univers (le macrocosme) soit aussi à la base du fonctionnement des atomes (microcosme). Par exemple, le système solaire, avec le soleil en son centre et les planètes gravitant tout autour, reproduit la structure d’un atome avec ses électrons. Tout au long de l’histoire, différentes religions ont interprété cette paraphrase en fonction de leurs croyances; ainsi pour la religion catholique, on l’utilisait pour avancer que tout ce qui était bon sur la terre (p. ex. la parole de Dieu) l’était aussi au ciel (sur la Terre comme au Ciel…). Cette référence est aussi mise en image: on la reconnaît par un personnage qui pointe ses doigts de la main gauche vers le ciel et ceux de sa main droite, vers la terre.  

À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, plusieurs mouvements occultes ont repris cette paraphrase pour lui attribuer une signification plus… occulte (quelle surprise!), en exprimant que tout ce qui survient sur le plan matériel survient aussi sur les autres plans d’existence (p. ex. mental, spirituel). En d’autres mots, tout ce qui peut arriver dans le monde « invisible » aura un impact palpable, sur le monde physique et inversement. Dans le satanisme, cette devise prend aussi une place importante, avec l’image de Baphomet pointant de ses doigts le ciel et la terre, signifiant cette fois que dans l’opposition, la dualité, il y a l’union. C’est d’ailleurs cette signification qui est mise en valeur dans les paroles de la chanson éponyme de l’album du groupe:

“Plant your flowers,

generator of preservation

As in gardens, so in tombs

Becoming one with that pulse

As I drown in your binaural beats”

Et qu’en est-il du titre de l’album As in Gardens, so in Tombs? Et bien, ma petite analyse m’amène à penser que le groupe fait référence ici au cycle de la vie; ce qui arrive dans les jardins (la germination, la maturation et la mort) se produit aussi à une autre échelle dans la tombe (la décomposition, la pourriture et la renaissance sous une autre forme). Les thèmes traités dans l’album pointent d’ailleurs dans cette direction…

Et la musique dans tout ça? Il s’agit d’un album de black metal symphonique redoutablement efficace, n’étant pas sans me rappeler les belles années de Dimmu Borgir… Doté de mélodies épiques interprétées dans un rythme effréné et parfaitement contrebalancées par une voix lourde et gutturale, l’album s’écoute d’un trait, sans temps mort. Pour le reste, je vous laisse en juger… 


Le choix de Joé Calvé

Unleashed – Kayzo. Ce mois-ci, j’avais envie de présenter un album que j’ai fait jouer en boucle tout le mois, mais qui sort un peu du contexte Métal. Ceux qui ont lu mon article sur le rocktronic ont peut-être un souvenir du nom de Kayzo qui est revenu souvent. Étant principalement un artiste de la scène électronique, son projet explore l’agencement d’instruments Rock et Métal à de la musique électronique. Son album sorti en 2019, Unleashed, explore cet équilibre entre les deux genres principalement grâce à des collaborations. Nous avons des noms comme Memphis May Fire, blessthefall, Of Mice & Men, Our Last Night et plus encore qui prennent part à la constitution de l’album en ajoutant des morceaux de percussions, de guitares et parfois des paroles.

L’album offre tout de même une variété impressionnante de styles musicaux et ne se limite pas qu’à du Rocktronic. Certains morceaux explorent différents genres électroniques, alors que d’autres impliquent en grande concentration des extraits musicaux d’instruments de musique Métal. Personnellement, Alone et Before the Storm sont des morceaux que j’adore pour les voix des chanteurs, mais aussi pour comment les extraits de guitares ont été travaillés pour donner ces sons qui transcendent le métal et l’électronique.