L’image ci-haut est tirée des archives de Radio-Canada, voir le lien tout en bas de cet article.
Introduction
Une activité intéressante à réaliser pour un amateur de bière est une dégustation comparative. Il existe différentes façons d’effectuer cet exercice et je tâcherai de vous en présenter quelques-unes dans cet article.
Une comparaison du même style de bière
Il est possible d’ouvrir côte à côte deux bières d’un même style donné afin d’analyser leurs ressemblances et différences. On pourrait par exemple servir deux Saisons belges et constater que l’une sera un peu plus poivrée et rustique tandis que l’autre semblera légèrement plus sucrée ou maltée.
Certaines des caractéristiques nous semblerons plus évidentes justement avec un comparatif, par exemple l’une des deux bières pourrait paraître plus sèche que l’autre (par la sécheresse, on désigne habituellement le faible taux de sucre résiduel), même s’il s’agit ultimement de deux bières sèches.
Il sera également possible de constater de quelle façon deux brasseurs différents vont produire un même style de bière, une recette similaire, inspirée de la même tradition brassicole. Les ingrédients pourraient être différents, ne pas provenir du même fournisseur… Les techniques de brassages pourraient également ne pas être totalement les mêmes. Même si deux brasseurs suivaient exactement la même recette et utilisaient les mêmes ingrédients, il pourrait y avoir des différences subtiles entre les deux produits finis. C’est une preuve que même si la bière n’est issue que de quatre ingrédients à la base (la levure, le malt, l’eau et le houblon) il y a un monde de possibilité en ce qui a trait au résultat final!
Une comparaison de deux bières avec une caractéristique commune
On pourrait aussi prendre deux bières, peu importe si le style est le même ou non, en se concentrant sur une caractéristique ou un ingrédient commun. Par exemple, on désire mieux connaître le houblon néo-zélandais Motueka? On pourrait alors prendre une NEIPA houblonnée uniquement au Motueka et une Saison américaine houblonnée également au Motueka. Il serait alors possible de voir comment un même ingrédient peut évoluer dans des contextes différents. Lors de dégustations futures, il serait aussi possible de mieux cerner quelles sont les caractéristiques de cet ingrédient précis lorsqu’on le retrouve chez d’autres bières.
Une dégustation verticale
Un autre type de dégustation est la verticale. Le principe est d’ouvrir deux bières (ou plus) d’années différentes. Ce type de dégustation requiert donc le vieillissement de quelques bouteilles. Par expérience et hormis quelques exceptions, rares sont les bières qui vieillissent bien (dans le sens qu’elles vont continuer de s’améliorer) au-delà de 3 ans. Faites des tests, mais je vous conseille de ne pas trop mettre d’efforts à faire vieillir des bouteilles beaucoup plus longtemps. On pourrait alors ouvrir des Péché Mortel Bourbon (Stout impérial au café) de Dieu du Ciel! par exemple, datant de 2022, 2021 et 2020 pour voir son évolution à travers le temps.
Une dégustation à l’aveugle
Un autre type de dégustation, particulièrement plaisant à réaliser à plusieurs, est la dégustation à l’aveugle. Un participant sélectionne des bières (peu importe la thématique) et on goûte aux différentes bières sans en connaître au préalable le style, les caractéristiques ou le brasseur. Encore mieux : servir les bières dans des verres opaques, question de ne pas voir non plus leur couleur, leur mousse ou leur texture. Cela enlève donc tout préjugé favorable ou défavorable que l’on pourrait avoir envers une bière ou une brasserie. C’est leur meilleur exercice à réaliser pour devenir un dégustateur un peu plus humble et réaliser parfois que l’on sous-estimait ou surestimais grandement certaines bières ou microbrasseries. Nous avions écrit cet article à ce sujet sur L’amateur de bière il y a quelques années si vous êtes intéressé à en savoir plus.
La dégustation
Pour cette édition de la dégustation, je vous suggère trois bières avec vieillissement en barriques de bourbon, question de voir ce que ce processus peut apporter chez différents types de bière. C’est aussi le moment parfait de l’année pour boire ce genre de bière plus costaude!
Saison Rouge Bourbon – Saison – 6,4% – Les Trois Mousquetaires (Brossard)
Voilà une bière assez particulière et atypique, qui est à la base une Saison, mais qui a été affinée en barriques de bourbon et de vin rouge québécois, puis réassemblée. Il en résulte une bière bien maltée, épicée et rustique, mais avec des accents tanniques, vineux et de bourbon. C’est une bière qui est au final un peu lourde pour une Saison, mais c’est surtout l’interaction entre les différentes barriques qui est intéressante ici. Ce pourrait être une belle bouteille à partager!
Faust Triple Bourbon – Triple belge – 9,33% – Hopfenstark (Lavaltrie)
On voit rarement des Triples belges (ou Tripel) affinées en barriques de bourbon, pourtant c’est très bon! La barrique apporte ici ses nuances d’alcool, de bois, de caramel et de vanille à cette bière déjà bien charpentée. Cet aspect procure une belle complexité supplémentaire à la bière d’origine, la Faust, qui se laisse tout de même découvrir par ses notes fruitées (pomme, poire, abricot…) et épicées de levure belge. Il faut évidemment s’attendre à une bière lourde et sucrée, mais dans le genre c’est particulièrement efficace.
Turlupine 100% barriquée – Stout impérial – 11% – Pit Caribou (L’Anse-à-Beaufils)
Si vous appréciez les Stouts impériaux bien puissants et chaleureux, ne passez pas à côté de celle-ci! Il s’agit d’une version entièrement barriquée de la Turlupine (à distinguer de la version assemblée, qui est pour sa part constituée de bière barriquée et non barriquée). La barrique nous propose de profondes saveurs de bourbon, de bois et de vanille, qui vont très bien avec le côté très torréfié, rôti et chocolaté du Stout. C’est une bière liquoreuse et corpulente qui conviendra très bien à vos dégustations de fin de soirée.
Conclusion
Vous avez maintenant tous les outils pour réaliser une dégustation comparative à la hauteur. Nous sommes choyés au Québec d’avoir accès à une aussi grande quantité et variété de bière. On a tendance à l’oublier, mais ce ne fût pas toujours le cas! Voici par exemple une vidéo humoristique de dégustation à l’aveugle des bières disponibles au Québec dans les années 1970. On se doute que plusieurs d’entre elles devaient se ressembler au niveau gustatif!
Pour plus de suggestions de bières à essayer, visitez L’amateurdebière.com!