La formation finlandaise Insomnium se veut parfaite pour proposer un album conceptuel. Leur sonorité death mélodieuse est déjà épique, ne reste plus qu’à lui apposer une trame narrative qui suit une histoire et l’affaire est ketchup. Mais tu ne peux pas laisser la responsabilité de créer une histoire solide à n’importe qui et, d’un autre côté, on ne laisse pas entrer n’importe qui dans un cercle aussi serré que celui d’une formation qui roule sa bosse depuis 25 ans.
C’est le bassiste Niilo Sevänen qui a créé la nouvelle littéraire qui a servi d’inspiration pour la création d’Anno 1696. Traduction plutôt facile pour Année 1696, cette histoire n’a rien à voir avec les guerres franco-iroquoises de Frontenac, Ramezay et Callières. Après tout, le groupe est de la Finlande.
Cette nouvelle littéraire nous ramène à cette période où une grande famine frappait les pays du Nord. Les habitants étaient affamés, la mort rôdait et la maladie frappait fort. À une époque où il était facile de pointer du doigt, il fallait donc trouver les coupables face à cette épidémie. Pour cela, l’église catholique était chef de file. Une véritable chasse aux sorcières a eu lieu en Scandinavie et de nombreuses femmes ont été tuées, question d’offrir au peuple un espoir face à la normalité après que de nombreux meurtres aient eu lieu et des actes de cannibalisme, question d’apaiser la faim de certains…
Sur des sentiers sans étoiles
Après son introduction autour du feu, la chanson 1696 se veut explosive. La voix de Sevänen est acerbe, remplie d’une bonne dose de fiel. Un death mélodieux et morose est proposé, et on s’y abreuve amplement. Pour amener plus de véracité au concept, Insomnium a cru bon d’utiliser les services de Sakis Tolis de Rotting Christ pour la pièce White Christ, question d’y interpréter un homme d’église. Pour la portion féminine, c’est l’épouse de Tuomas Holopainen de Nightwish, Johanna Kurkela, qui s’élance pour nous ensorceler grâce à son envoûtement vocal sur la pièce Godforsaken.
De mon côté, c’est la chanson Starless Paths qui se mérite une attention plus particulière. Avec ses lignes acerbes et noircies, on peut tout de même y déceler une mélancolie indéniable, ce qui se veut, après tout, la force du groupe. Excessivement adéquate, la chanson The Witch Hunter est fabuleuse avec ses guitares scintillantes et ses parties de voix claires héroïques.
Oui, cette nouvelle littéraire de Niilo Sevänen n’a rien de très pétillant à offrir pour ceux qui aiment les choses légères. C’est plutôt glauque mais la musique mélancolique d’Insomnium sert bien les textes qui se veulent imprégnés des derniers vestiges de l’espoir, de la colère d’un peuple et de berceuses métalliques à saveurs morbides.
Anno 1696 est un album à part entière. Généralement, je ne suis pas totalement friand des productions du groupe, je débarque à un moment, mais cette fois-ci, de savoir que l’album se veut conceptuel m’a vraiment mis en mode concentration face aux chansons qui ne se prennent aucunement en pièces détachées. Il faut profiter de ce concept entier, et je sais que le temps est un luxe maintenant sauf qu’avec cet album, payez-vous CE luxe!
De mon côté, je me suis même commandé la version en vinyle, pour amplifier l’expérience!
Disponible le 24 février sur Century Media Records.
Photo : Terhi Ylimäinen