Quand je reçois une nouveauté et que je peux lire que le groupe provient de la Grèce, je tombe 90% du temps sur une formation qui aimerait être le prochain Rotting Christ. Je peux comprendre que certains musiciens puissent être fortement influencés par leurs contemporains mais à un moment donné, cela devient redondant pour l’auditeur avide de nouveautés venant de la contrée des déesses, des souvlakis et autres divinités culinaires et/ou, salaces.
Arrive le groupe Ocean of Grief. Oui, une autre formation avec le mot Ocean dedans mais ici, nous sommes en présence d’un groupe grec qui joue du death doom mélodieux, mélancolique et atrabilaire. Une musique sombre, pétocharde et qui te donne surtout l’envie de rester dans ta misère, coupe de vin réchauffé par ta main plutôt que de chercher une solution intelligente face à un problème aussi simple que ta peine face au décès de ton poisson-clown, reçu à noël 2022.
Cet album qu’est Pale Existence est le deuxième de cette formation et avec le travail extraordinaire qui découle de cette production, il est à comprendre qu’Ocean of Grief est voué à un avenir plutôt prometteur. Effectivement, dès que tu t’enlignes avec l’album, c’est la pièce Poetry of the Dead qui ouvre ton écoute. L’introduction t’amène une certaine sérénité, tu t’enfonces dans ton fauteuil de prédilection car ceci est un long fleuve de mélancolie métallique.
Neuf minutes acerbes où le jeu des guitares se veut d’une importance capitale, question de garder des lignes taciturnes, des percussions lourdes qui semblent être exécutées avec des mailloches aux extrémités qui seraient de la taille d’une citrouille et une voix insondable qui te ramène à tes cauchemars les plus féroces.
Mériter la tristesse
La suivante est Dale Of Haunted Shades. Celle-ci démontre un peu plus de luminosité musicale, surtout en relation avec la basse qui frissonne beaucoup plus, délaissant les lignes habituelles qui suivent la guitare. Quelques lignes progressives, lors de la partie médiane, offrent une certaine curiosité bienveillante nous rappelant que les musiciens d’Ocean of Grief sont plutôt habiles, et non pas seulement des techniciens de pétoche musicale.
Même constat avec l’introduction d’Unspoken Actions qui nous remet en tête des formations comme Swallow the Sun, Draconian ou même Amorphis. Par la suite, sur la roulade des deux bass-drums, nous assumons l’opacité musicale qui nous est offerte. Le groupe est beaucoup plus vigoureux sur la chanson Cryptic Constellations en ouverture et la finale qu’est Undeserving me permet, à chaque fois, de regarder le paysage hivernal avec contemplation.
L’année 2023 débute en beauté avec cette sortie de death doom excessivement mélancolique mais qui propose, tout de même, un scintillement lumineux plutôt rafraichissant.
Par contre, le seul problème pour Ocean of Grief demeure le fait qu’ils soient signés chez un si petit label avec Personal Records du Mexique car cet album vaut vraiment le détour auditif, non pas de tomber dans le vide et l’oubli. Ce texte que vous lisez vous confirme donc notre rôle médiatique face aux découvertes métalliques.
À moins que vous ne regardiez que les images…
Disponible dès le 3 mars sur Personal Records.
www.facebook.com/oceanofgriefgr
Crédit photo: Magdalens