Source de l’image : Ferme Bédard Blouin
Introduction : La bière à la citrouille, vous aimez ou pas?
À chaque automne, les restaurants et cafés sautent sur l’occasion pour nous proposer leurs divers desserts à la citrouille, breuvages et autres pumpkin spice lattés. Le monde brassicole n’échappe pas à cette tendance avec le brassage de bières à la citrouille et épices automnales. Ces dernières sont tellement controversées qu’il est maintenant devenu presque plus commun de voir des critiques envers ces breuvages à la citrouille que de faire partie de ceux qui les apprécient!
Personnellement, je ne déteste pas du tout, lorsque c’est bien réalisé. Les doux arômes de purée de courge, de caramel et d’épices permettent de bien se mettre dans l’ambiance de la saison.
Il faut dire avant tout que la citrouille est une cucurbitacée aux saveurs peu expressives, surtout dans la bière. C’est pourquoi le tout est souvent couronné d’épices automnales comme la cannelle, le girofle, la muscade ou le gingembre. C’est d’ailleurs une critique qu’on entend à l’égard des bières à la citrouille : qu’elles goûtent finalement plus les épices que la citrouille elle-même.
Ensuite, il faut aussi dire qu’elles sont souvent réalisées sur des bases de bières plus maltées, ambrées, caramélisées, bref des styles qui sont présentement moins en vogue. Ultimement, elles possèdent un profil de saveurs maltées et épicées qui n’est pas si éloigné de celui des bières de Noël belges, et pourtant on entend beaucoup moins de mauvais mots à l’égard de ces dernières (peut-être simplement parce qu’elles sont moins connues de leurs détracteurs?).
J’ai déjà vu du Lambic (avec édulcorant) à la citrouille et aux épices par la brasserie belge Timmermans, une bière sure et sauvage à la citrouille, graines de citrouille et mélasse de la part d’Allagash (au Maine), une Smoothie Sour à la citrouille, mangue, abricot, fruit de la passion, biscuit Graham et épices par Messorem Bracitorium, et bien plus encore. Bien que ce ne serait probablement pas mes bières de premier choix, si c’est une voie créative de plus pour les brasseurs… pourquoi pas?
La dégustation
Pour suivre le marché et les tendances, j’ai remarqué que les microbrasseries brassent actuellement beaucoup moins souvent des bières à la citrouille comparativement à ce qui était le cas il y a quelques années. C’est pourquoi je vous propose dans cette édition de la dégustation, au plus grand bonheur de certains, des bières automnales qui ne sont PAS à la citrouille!
Landbier multigrain – Lager pâle – 5% alc/vol – Maltstrom (Notre-Dame-des-Prairies)
Qui dit fin de l’été dit moment des récoltes. La Landbier incarne exactement cela puisqu’il s’agit d’un style de bière allemand sans caractéristiques précises… à l’exception d’être habituellement constitué d’ingrédients cultivés localement. La microbrasserie Maltstrom nous propose ici sa propre version du style, sur une base de Lager triple décoction, avec céréales québécoises (malt Pilsner et blé dans ce cas-ci) et houblons indigènes Riel. Il en résulte une bière délicate, céréalière, légèrement mielleuse, florale, clean et sèche. En plus d’être une excellente bière de soif, c’est une très bonne initiative de mise en valeur de nos ingrédients locaux.
Note : La décoction est un processus par lequel les brasseurs retirent une partie de la maische (mélange de céréales et d’eau au moment de l’empâtage), pour la faire bouillir séparément puis la réintégrer à la mixture. Cette action permet généralement de complexifier un peu le côté malté dans le produit final.
Russet Macérée – Bière sure, sauvage et fruitée – 6,6% – Le Castor (Rigaud)
La cueillette des pommes et l’automne c’est un autre classique. La microbrasserie le Castor vise droit dans le mille avec cette Russet Macérée, une bière fermentée avec un cocktail de levures belges, levures sauvages et bactéries lactiques, puis refermentée sur des pommes et jus de pomme biologiques. Le fruit ressort d’ailleurs super bien ici. La levure sauvage apporte une belle complexité complémentaire à la pomme et l’acidité demeure bien dosée malgré sa puissance. Son passage en barrique lui confère également quelques notes de chêne légèrement vanillé.
Masala Chai – Stout impérial – 10,5% – Beauregard (Montréal)
Le masala chai est un breuvage indien à base de thé noir et d’épices. La microbrasserie Beauregard nous propose actuellement une version Stout impérial de ce dernier. On y retrouve donc des notes de cannelle, gingembre, cardamome, anis et gingembre, sur une base de Stout impérial barriqué, qui n’est jamais trop sucré (comme le sont parfois certains Pastry Stouts de cette microbrasserie). Les épices sont goûteuses, mais ce n’est à mon avis jamais excessif. C’est un mélange de saveurs étonnant, mais assez intéressant! Son corps liquoreux et sa faible effervescence en font de plus un bon digestif.
Conclusion
Voilà ce qui conclut la dégustation de bières automnales bien réconfortantes sans se conformer aux classiques de la saison. Mon mot de la fin : ne laissez pas trop les tendances du moment influencer ce que vous buvez et ce que vous appréciez. Procurez-vous toutes les bières à la citrouille désirées sans aucune gêne si c’est ce qui vous allume! Ça reste ce qui est le plus intéressant dans le monde microbrassicole québécois à mon avis : la diversité de styles produits et d’expérimentations.
Pour plus de suggestions de bières québécoises à découvrir, visitez L’amateurdebière.com!