Pour la grande majorité des métalliques de 35 ans et plus, le terme Abduction signifie une chanson qui se retrouvait sur Thrash Zone de DRI. Il y avait même un clip pour ce morceau qui parlait, grosso modo, d’enleveurs d’enfants. Quand j’ai vu passer le nom Abduction dans mes copies promotionnelles habituelles, je ne me doutais pas que j’avais plutôt droit à un projet black métallique anglais.
De nombreuses productions métalliques modernes nous viennent de la part d’un seul homme (ou femme dans le cas de Hulder, par exemple) qui manipule tous les instruments sur l’album en plus de produire le tout dans un studio personnel. On se tient loin de tout le monde, la misanthropie au maximum, le tout accentué par la période pandémique.
Avec Abduction, nous suivons le parcours d’un dénommé A|V, où il joue de tout et chante mais ce n’est pas lui qui produit cette galette du nom de Black Blood. Dans le black metal d’un seul homme, la référence demeure Leviathan mais avec Abduction, même si nous nageons dans les mêmes eaux, le résultat se veut moins dépressif avec cet album qui se veut le quatrième de cet artiste.
Six chansons sont proposées sur Black Blood et le ton est immédiatement donné avec l’introduction lourdaude de Kernos Crown. Guitare lourde sur laquelle une plus discordante est subtilement superposée, elle nous montre le chemin sinueux qui est choisi par Abduction. Les percussions suivent la cadence typique du genre et la voix serpentaire de A|V vient s’imposer. Malgré une tonalité acidulée, on sent une couple de cailloux au niveau de la gorge.
La moisson psychédélique
Dismantling the Corpse of Demeter est un morceau plus lymphatique face à la pièce inaugurale mais c’est surtout pour nous plonger dans la torpeur que celle-ci est proposée et la suivante, Plutonian Gate, offre une voix claire rappelant celle d’Ihsahn sur un fond musical discordant qui subira une mutation plus impétueuse pour retourner dans les abimes.
C’est l’effet cacophonique dans la partie médiane de A Psylacybic Death qui rend cette pièce agréable. L’oreille est accrochée, elle se veut mise au défi mais l’effet psychédélique et étourdissant qui est créé demeure fortement convenable, surtout avec l’ajout de la guitare bourdonnante qui nous assène un bon coup de pelle derrière la caboche.
Quelques variations dans les tempos viennent agrémenter l’écoute des six chansons, ce qui rend les pièces beaucoup plus riches mais c’est majoritairement linéaire comme proposition et comme de raison, dissolvant à souhait.
Lors de ma première écoute, j’avais un sentiment d’étourdissement mais, comme lorsque tu descends d’un manège puissant, tu as déjà le goût de recommencer tout en sachant que le résultat risque d’être péniblement étourdissant… mais tu reprends l’écoute!
Disponible le 21 octobre sur Candlelight Records.