Dans la catégorie des grignotines, il y en a deux que je déteste au plus haut point. Dans un premier temps, le maïs soufflé. C’est fade et aucune saveur ne s’en échappe. De plus, ça reste pris entre les dents, te rendant le sourire rempli d’écailles brunâtres. Dans un deuxième temps, les pretzels dans un sac, que certains appellent aussi bretzels. Perte de temps alimentaire, j’ai l’impression de croquer dans une pâte alimentaire remplie de farine, rendant l’expérience aussi désagréable que ma vasectomie.

Par contre, lorsque je vais dans un centre commercial et que nous y retrouvons un commerce qui vend des pretzels chauds et gigantesques, c’est un constat différent. Le côté moelleux me plait grandement, la chaleur qui se dégage de chacune des bouchées m’enchante. Étrange, n’est-ce pas? D’un côté j’apprécie, de l’autre je déteste avec une passion ardente!

C’est le même constat pour Machine Head, surtout pour la portion de leur discographie qui se situe depuis les années 2000. Mon analyse face à la sonorité du groupe est à l’inverse de mes goûts face aux pretzels : Lorsque Machine Head est mou, moelleux et chaleureux, je déteste avec passion mais lorsque cela est croustillant sous la dent et bien croquant, cela me plait amplement.

Et c’est pour cela que j’ai une relation amour/haine avec la troupe de Robb Flynn depuis une vingtaine d’années. Lorsqu’il gueule et propose des riffs musclés, je suis comblé. Lorsqu’il tombe en contemplation, je débarque mais cela, solidement.

Proportionnel à la rage?

Avec le nouvel album, ØF KINGDØM AND CRØWN (oui, Flynn tripe sur le O barré) j’embarque les deux pieds en avant lorsque cela est une débandade de metal. C’est massif, lourd et c’est incitatif. Tu veux participer, tu sens que la pression monte, tout est prêt à exploser.

Sauf que le groupe nous amène en mode méditatif, recroquevillé sur soi-même dans une légère salve de notes pincées et c’est là que je débarque. Cela arrive souvent sur cet album. Trop émouvant, trop songeur et mou, la consistance me déplait amplement.

Tout comme les albums précédents (donc, ceux qui ont fait la notoriété du groupe) je ne suis pas attiré par cette facette attendrissante qui nous est offerte. Robb Flynn qui chante au lieu de grogner, je ne suis pas l’oreille la plus réceptive.

Avec cet album, c’est ce qui arrive, encore. Je n’embarque aucunement. Si le tout vous plaît et que vous en retirez une entière satisfaction, sautez à pieds joints dans cet album car avec des titres comme Slaughter the Martyr, BecØMe The FirestØRm (avec une voix claire qui rappelle celle de Bjorn Speed Strid de Soilwork), My Hands Are Empty, UnhallØWed, Kill Thy Enemies et NØ GØDs, NØ Masters, vous serez amplement servis, mais vraiment. Mais de mon côté, je me sens las, engourdi et courbaturé.

Croquer à pleines dents

Par contre, des chansons comme ChØKe ØN The Ashes ØF YØUr Hate et BlØØDshØT proposent de l’intensité comme je l’aime avec Machine Head. Mais un intérêt pour 2 pièces sur un total de 10 (car il y a 3 interludes sur l’album) ne me semble pas un investissement majeur pour ma part.  

Je me rends compte que ce ne sont que les deux premiers albums, Burn My Eyes et The More Things Change, qui me plaisent avec cette troupe. Comme de raison, l’escapade nu metal qu’était The Burning Red était particulière. Je dois me rendre à l’évidence que Machine Head ne m’offre aucune entière satisfaction, étant donné que je n’apprécie qu’environ 60% de ce qui se retrouve dans chacune des chansons du répertoire de la formation.

Actif dans le domaine de l’enseignement depuis plus de 20 ans, je sais que 60% demeure la note de passage mais selon mes standards, ce n’est pas suffisant. Surtout qu’il y a tellement d’autres saveurs que celle de Machine Head à me mettre dans le fond de la gorge!

Disponible le 26 août sur Nuclear Blast Records.        

www.machinehead1.com

Photo: Travis Shinn and Paul Harries