Quand j’y repense, tout en me massant la base du cou, j’ai eu une semaine excessivement intense. En tant que directeur d’un établissement pédagogique de la grande ville de Montréal, j’ai eu à me coltailler avec les dédalles administratives de notre arrondissement, ce qui veut dire que j’ai mis énormément de temps et d’énergie dans un dossier qui n’en aurait pas nécessité autant. Mais au moins, j’ai réussi à m’en sortir avec quelques solutions car il faut souvent aller plus haut que certaines instances, question de se faire entendre.

Vendredi, je suis revenu à la maison vers 15h30, totalement brûlé de ma semaine, vidé mentalement mais je savais que j’avais encore juste assez d’énergie dans la canisse pour me rendre au Théâtre Corona Beanfield pour assister au retour de 3 Inches of Blood. Géritol, je crois que la dernière fois que j’ai vu le groupe, c’était au Cabaret Underworld sur Ste-Catherine. Si tu te souviens de cette salle de spectacle, tu es vieux!

J’ai pris le temps de jaser avec l’épouse qui finissait sa journée à 15h00 aussi et non, nous ne sommes pas en vacances encore, comme les gens de la construction. Mais ça s’en vient. De mon côté, je m’étais dit que le concert débutait à 20h00, j’allais revenir à la maison, me changer, craquer la croute et hop, vers 18h30 je saute dans mon bolide!

Tout en papotant avec l’épouse, un chummy de Québec m’attrape sur Messenger pour me demander si je serai au show. Lui et son partner se dirigent vers le Burgundy Lion, je lui réponds que j’y serai! Je termine de taper ma réponse, je suis allongé sur le divan et oui, et voilà… je suis parti pour une cocotte qui va durer pratiquement deux heures car vers 17h30, mon cellulaire se met à vibrer. On me demande si je serai présent à temps pour commander un plat.

Nope, je viens de me réveiller. Mon état de fatigue se voulait très élevé, je redistribue mon énergie, je fais ce que je dois faire et je sâpre mon camp de la maison, direction Montréal. Les deux copains sont entrés dans la salle vers 19h00, moi je me devais d’aller me clancher une pinte avant, au Burgundy Lion, car la soif du vendredi était bien présente. Sur place, je me fais servir en anglais comme d’hab’ et je m’insère au bar, tout en demandant si la IPA de 4 Origines est encore disponible. Je ne vois pas la poignée sur le robinet de draft. Malheureusement, il n’y en a pas ce qui fait que je me rabats sur la Goose Island, comme lorsque je me ramasse au St-HubertPout pout pout…              

Après l’avoir sirotée, je décide d’entrer au Corona Beanfield qui est littéralement, la porte à côté. Tournée rapide pour jauger la quantité de gens sur place, je me rends compte qu’il y a du monde, l’étage supérieur est ouvert mais nous avons assez de place pour se faire aller les bras ou faire l’hélicoptère. À la base, ce concert devait avoir lieu au Studio TD donc déplacement astucieux face au changement de salle car, il faut se l’avouer, ce retour de 3 Inches of Blood se voulait très attendu.

Le fait d’avoir ajouté Metalian se voulait un choix judicieux de la part de Heavy Mtl/Evenko. C’est certain que leur approche sur le metal rejoint celle de 3 Inches of Blood, se veut classique, près des racines du genre mais c’est surtout que cela donnait l’occasion au groupe de se faire connaitre d’un public plus vaste et pour ceux qui les connaissaient déjà, cela offrait une opportunité de les voir dans un endroit moins riquiqui que l’Hémisphère Gauche, par exemple.

Formation montréalaise, j’avais déjà fait la critique de leur album Beyond the Wall, donc je savais à quoi m’attendre au niveau de la touche sonore de Metalian mais vendredi soir, le groupe a pu profiter d’une sonorisation de grande qualité pour leur metal vitriolique. De mon bord, je voulais voir et entendre le chanteur Ian Wilson atteindre les notes les plus élevées possibles car en studio, tu peux prendre le nombre de prises désirées sauf qu’en concert, c’est du direct.

Et Wilson a su livrer la marchandise. Il atteint la tonalité désirée, il propulse sa voix à des niveaux si intenses que tu te demandes s’il n’a pas un système de pinces dans les bobettes pour lui squeezer les schnolles. Mais non, c’est un naturel, il hurle sa vie et il me semble qu’il n’ait pris aucune gorgée d’eau pour se réhydrater la gorge. On s’entend qu’il devait en suer une shotte avec son pantalon de cuir et sa veste de jeans, sous la chaleur des projecteurs. Metalian a eu plus d’une quarantaine de minutes pour tenter de séduire son public et je dois l’avouer : c’était mission réussie.

Les musiciens du groupe sont d’habiles techniciens. Le guitariste Simon Costa, avec sa bouille à la Rudolf Schenker de Scorpions, se veut rapide et il passe la puck à Wilson qui l’attrape avec aisance tandis que le bassiste Andres Arango, qui joue agilement aux doigts et porte avec fierté une camisole d’Outre-Tombe, garde la cadence bien serrée avec le batteur Tony Cantara. Côté chansons, je ne connais pas assez le catalogue du groupe pour vous en faire l’inventaire précis mais je peux vous confirmer qu’en guise de rappel, Metalian est venu chercher ce qui restait de gens non conquis avec une reprise excessivement énergique de Highway Star de Deep Purple.

Qui dit vendredi dit dernière journée de la semaine. Qui dit vendredi 19 juillet dit début des vacances de la construction et cela confirme qu’en cette soirée, il y avait énormément de gens enivrés, chaudailles, pompettes et torchés par la boisson. Certains marchaient croches, certaines épaules nous touchaient lorsque des gens se dirigeaient vers la salle de bain ou pour aller se chercher un autre breuvage mais cela fait partie de la game.

Sauf pour l’énergumène sur le troisième balcon, devant le bar, qui a décidé de lancer sa canette de bière dans la foule, située devant lui. Une dizaine de regards se sont dirigés vers lui et même sa copine ne semblait pas le trouver drôle non plus… Ce type de comportement se veut une disgrâce pour tout public et comme de raison, cela demeure démesurément dangereux comme comportement car avec la vélocité de la cannette qui entre en contact avec une tête ou un visage, les dégâts peuvent être sérieux, intenses ou fatals.

Le fond de scène de 3 Inches of Blood a été dressé. Un immense 3 doré avec des têtes de béliers, et de nombreuses chandelles, déposées près du kit du batteur Ash Pearson et sur les têtes des amplificateurs. Ce côté cérémonial allait à merveille avec ce retour du groupe canadien qui est entré sur scène avec Fear on the Bridge (Upon the Boiling Sea I).

Les Canadiens ont su s’imposer rapidement, la voix de Cam Pipes était parfaite, les « hautes notes » se voulaient hautes et les très hautes, excessivement pointues. Bien appuyé par Justin Hagberg à la guitare et à la voix plus rocailleuse avait des airs de He-Man, sa longue chevelure blonde et ses bras immenses prenaient tellement de place visuellement que sa guitare avait l’air d’un ukulélé.

Même si le groupe célébrait les vingt ans d’Advance and Vanquish, ce n’était pas que cet album qui se voulait présenté au public montréalais. Effectivement, après la chanson Wykydtron, le groupe y est allé avec God of the Cold White Silence qui provient de l’album Fire Up the Blades pour ensuite revenir à Advance and Vanquish et y aller avec Destroy the Orcs, pièce qui m’a fait découvrir le groupe en 2004.

Bière à la main, position de la tête en mode approbation, j’appréciais ma soirée tandis que la foule se voulait fichtrement active pendant Axes of Evil et Trial of Champions. Sur scène, le tout grouillait, les positions changeaient entre le bassiste Nick Cates et le guitariste Shane Clark, tandis que Hagberg restait assez prêt de son pied de micro pour ne pas manquer ses shots sur des chansons comme Through the Horned Gate et Night Marauders.

Toute la prestation a été d’une solidité incroyable et 3 Inches of Blood a su passer le balai dans le catalogue complet avec d’autres chansons comme Preacher’s Daughter de l’album Here Waits Thy Doom, My Sword Will Not Sleep de Long Live Heavy Metal tout en complétant avec d’autres chansons comme Battles and Brotherhood, Rejoice in the Fires of Man’s Demise et Demon’s Blade, pour ne citer que celles-ci.

Ma crainte personnelle était d’avoir le groupe sur scène qui n’exécute que l’album Advance & Vanquish, plie bagage pour mieux revenir nous achever avec The Goatriders Horde, en guise de rappel. Mais ce ne fut pas le cas car 3 Inches of Blood s’est permis une bonne heure et demie sur scène, ce qui confirme que ce retour était bien préparé, pas seulement un truc ficelé en format quelconque, question de se ramasser sur les routes et récolter quelques dollars au nom de la nostalgie, vendre de la merch antique et retourner à la maison avec la routine habituelle.

C’était une performance costaude a laquelle nous avons assisté, vendredi soir, par un groupe qui est composé d’habiles musiciens, d’un chanteur qui sait mener une foule et surtout qu’à Montréal, Cam Pipes s’est exprimé dans un français impeccable qui se veut même, meilleur que bien des serveurs du Burgundy Lion

Aucune anicroche pour cette soirée, le tout a roulé à merveille et il était difficile de s’avouer que ce groupe était inactif depuis quoi, 8 ans environ? Oui, avec 3 Inches of Blood, nous pouvons nous dire Long Live Heavy Metal et de voir une foule aussi disparate au niveau de l’âge nous confirme que la relève apprécie ce groupe. Ne reste plus qu’à savoir si cette troupe canadienne tentera un retour sur album pour ainsi, répéter le cycle de l’album, spectacles, tournées et répétons!

Cela semble être plus que possible, à notre grand bonheur!

Photos : Thomas Mazerolles